Demain, son chronomètre mécanique sera breveté du «Bulletin de marche» de l'Observatoire de Besançon. Kari Voutilainen, le magicien horloger venu du froid, connaît une nouvelle consécration de son travail. Lui qui, en quelques années, s'est fait un nom en lettres capitales dans le monde des collectionneurs.

Il l'avoue dans un souffle, presque gêné, tant cela égratigne sa modestie. Kari Voutilainen est fier. Fier que son chronomètre N° 022 reçoive demain le «Bulletin de marche» de l'Observatoire de Besançon. Un label prestigieux (voir encadré) qui ne récompense que les meilleures mécaniques. Comme ce chronomètre, réalisé à la demande d'un collectionneur new-yorkais. Une pièce dont Kari Voutilainen parle avec passion, amour presque. «C'est un mouvement très robuste, avec un grand balancier, des axes durs, un bel échappement et un grand barillet, très haut. Tous les éléments de base pour obtenir une excellente précision, mais au détriment d'une réserve de marche limitée à une quarantaine d'heures seulement.» Cette montre (voir photo) utilisant un calibre «observatoire» avait déjà reçu l'automne passé le Grand Prix d'horlogerie de Genève, récompense ô combien prestigieuse dans le monde de l'horlogerie de haut vol. C'était la première fois qu'un indépendant remportait ce prix dans la catégorie des montres pour homme. Avec le «Bulletin de marche» de Besançon, c'est aujourd'hui l'apothéose pour Kari Voutilainen. «Je suis content, car maintenant mon travail a aussi été primé sur le plan de la technique et de la précision. Là, c'est complet.» Voilà quatre ans que cet horloger d'origine finlandaise a ouvert son propre atelier à Môtiers, pour n'y produire que des pièces d'exception: montres à complications et à la mécanique ultrafine. Depuis lors, sa réputation de magicien des beaux mouvements a traversé les frontières. Les collectionneurs du monde entier louent ses qualités, viennent le rencontrer après l'avoir contacté par le biais de son site internet. De fait, il connaît presque tous ses clients personnellement. Fort de son succès, l'horloger a dû s'entourer. Au premier étage de cet immeuble au coeur de Môtiers, ils sont désormais six à animer la petite manufacture. «Cela devenait impossible de trouver des sous-traitants pour des petites séries. Mais je ne veux pourtant pas faire plus de volume. Juste être plus indépendant», explique doucement Kari Voutilainen, relevant que le carnet de commandes est plein jusqu'à... fin 2009! Patrick di Lenardo
La tête de vipère, un poinçon de prestige
Certificat de précision dès la création de l'Observatoire de Besançon à la fin du 19ème siècle, le «Bulletin de marche» au poinçon à tête de vipère avait été abandonné dès la crise horlogère des années septante. C'est un collectionneur new-yorkais qui a récemment demandé à l'observatoire de faire certifier son chronomètre Voutilainen en cours de fabrication, et donné ainsi envie à l'établissement bisontin de ranimer son label. Celui-ci fait appel à un protocole de tests très poussés sur 16 jours. «Contrairement à d'autres certificats, le «Bulletin de marche» concerne des montres terminées et non pas des mouvements», relève François Meyer, responsable du service chronométrie de l'observatoire. «Cette manière de faire me semble plus juste ainsi», relève quant à lui Kari Voutilainen. En relançant ce label, l'observatoire espère provoquer un regain d'intérêt, comme le précise François Meyer: «Nous pourrions par la suite envisager de certifier des petites séries de chronomètres à la demande.»Source: L'Express du février 08 via la Revue FH du 13 mars 08