Watches and Wonders donne le tempo

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Reverso tribute shanahmeh © WorldTempus
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Genève, début avril. Dans les allées feutrées de Watches and Wonders, jusque dans les salons d'hôtels confidentiels, l’horlogerie s’est montrée plurielle et pleine d’éclat. Entre luxe et sobriété des marchés, ce bal de printemps avait aussi un petit goût de grand écart.

Ce printemps, à Genève, les tendances horlogères se sont esquissées. Les grandes marques, les plus petites, les horlogers indépendants, tous ont apporté leur pierre à l’édifice. Avec le salon Watches and Wonders, à Time to Watches à quelques pas, mais aussi dans la Cité de Calvin elle-même, dans les hôtels et boutiques et l’espace Icebergues occupé par l’Académie Horlogère des Créateurs Indépendants (AHCI) – pour un total estimé à plus de 200 marques. 

Cette semaine et des poussières aura permis de découvrir des nouveautés toujours très attendues et scrutées. Certaines marques tracent leur sillon. D’autres surfent la vague. Le Graal ? Ce point de bascule précieux où la beauté surgit d’un équilibre réussi entre la forme et la fonction, l’innovation et la tradition, le positionnement historique et la prise de risque, voire entre le luxe et la sobriété. 

Des trends évidemment dans le vent !

Et, alors ces tendances me direz-vous ? Synthèse non-exhaustive, l’équipe de Worldtempus se sera délectée de montres à guichet, avec la Tank de Cartier en vedette, ou encore de créations valant leur pesant d’or – comme chez Jaeger-LeCoultre avec la Reverso Tribute Monoface Small Seconds sur maille milanaise. Les grandes complications ont joué leur partition, quantième perpétuel et répétition minutes en tête, d’ailleurs volontiers associés – par exemple chez A.Lange & Söhne avec la Minute Repeater Perpetual.

Minute Repeater Perpetual © A.Lange & Söhne
Minute Repeater Perpetual © A.Lange & Söhne

Un printemps sous haute couleur

Cette année encore, métiers d’art et cadrans en pierres dures ont rapproché un peu plus l’horlogerie de l’art et de la nature : on pense à la marqueterie de paille chez Chopard sur la L.U.C Quattro Spirit 25, à la joyeuse Hermès Arceau Rocabar de rire, à H. Moser et sa collection pop, ou à l’extraordinaire pierre œil-de-fer introduite chez Rolex sur l’Oyster Perpetual GMT Master II, sans oublier l’exposition Métiers d’Art aux Salons Patek Philippe, ni la Reverso Tribute Shahmaneh de Jaeger-Lecoultre. Une pléthore de couleurs s’est par ailleurs saisie des cadrans – dont du bleu glacier, remarqué sur l’Antarctique Tourbillon de Czapek ou sur la Toric Quantième Perpétuel Platinum Morning Blue de Parmigiani. Et comment ne pas rêver de ces céramiques aux nuances inédites, notamment dans la gamme des bleus profonds, une première chez Chanel à l’occasion des 25 ans de la J12, mais aussi chez Zenith et Audemars Piguet.

Antarctique Tourbillon Secret Alloy © Czapek
Antarctique Tourbillon Secret Alloy © Czapek

D’autres matériaux, tels que le platine et le titane, par exemple pour la MT1 de Kross Studio, ont offert d’intéressantes alternatives de matières. Enfin, à petit diamètre, grands effets ! Toujours portées par la vague vintage, les montres de 39 mm voire bien moins, continuent à tracer à nouveau leur propre chemin. Leurs dimensions proches du timbre-poste séduisent les poignets les plus fins (mais pas seulement), comme la très joyeuse collection Big Bang One Click Joyful

Big Bang One Click Joyful © Hublot
Big Bang One Click Joyful © WorldTempus

Après cette semaine hautement concentrée, vous continuerez d’ailleurs de retrouver dans nos colonnes des articles sur les pépites repérées par nos journalistes.

S'enivrer d'or tout en composant avec les tensions économiques

Lors de cet événement concentrant une bonne partie de l’industrie horlogère, nous avons aussi observé un balancement entre opulence et retenue. Opulence, car, à Watches and Wonders, les espaces d’exposition ont joué la carte du spectaculaire. L’atmosphère montrait le plaisir de se retrouver et de présenter des nouveautés parfois longuement préparées – telle que Solaria de Vacheron Constantin, montre-bracelet la plus compliquée jamais réalisée. Autre point à relever,  l’utilisation généreuse de l’or, dont le cours a atteint des niveaux historiques en bourse (dépassant les USD 3000 l’once), pour des pièces forcément onéreuses.  Chez Hublot et chez Chopard, des coffrets anniversaire ou thématiques ont réuni des pièces somptueuses. 

Ingénieur automatic 35 © IWC
Ingénieur automatic 35 © IWC

Retenue, car le contexte économique n’était pas d’humeur aussi légère. D’abord, la « correction » du marché, après l’élan de ventes post-covid, pèse sur les exportations depuis de longs mois, s’y ajoutant les ventes en recul en Chine, voire en berne en Russie. Mais aussi le spectre des tariffs (aussi volatiles que le marché boursier, qui) est venu menacer le marché jusque-là porteur des Etats-Unis. Paradoxalement, ces taxes bâtissent des barrières économiques, alors que le web semble gommer les frontières. Par exemple, les organisateurs de Watches and Wonders estimaient le reach du hashtag #watchesandwonders2025, à plus de 700 millions de personnes à la clôture (+17% par rapport à l’an passé). « Nous envoyons un maximum de montres sur le territoire américain avant l’entrée en vigueur des nouvelles taxes de douane » confiait le CEO d’une maison exposante, illustrant le sentiment d’urgence qui a saisi les marques suite à l’annonce de taxes douanières de plus de 30% pour les produits helvètes. Pour se détendre à nouveau quelques jours plus tard, une fois celles-ci redescendues à un niveau plus raisonnable (mais qualifié de temporaire) de 10%. 

En fin de compte, l’horlogerie s’adapte, trouve son équilibre entre les contraires, traverse le temps. Et pour cette semaine horlogère, les maîtres des heures, petits et grands, sont parvenus une nouvelle fois à faire le show.