Fervent de régates, le nouveau directeur général de Favre-Leuba se lance comme un sportif dans la modernisation de cette marque historique.
«C'est à bord, lors de situations délicates,
que l'on perçoit la vraie nature d'un individu.»
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«La passion de la régate m'anime. J'y trouve mon équilibre et mon énergie.» Directeur général de Favre-Leuba à Bâle, Clément Brunet- Moret se dévoile avec la franchise amusée d'un descendant de ces grandes familles parisiennes qui n'ont rien à prouver. Un père, industriel, une mère, architecte. Son prénom, délicieusement rétro, répond à une coutume ancestrale dans la famille, transmise toutes les trois générations. Ce fut notamment celui de son arrière-grand-père qui fut gouverneur de la Banque de France.
Premiers pas, chez Cartier Diplômé de la Faculté d'Assas, ce grand temple du savoir, Clément Brunet-Moret se retrouve tout de suite dans une filiale de Cartier, à vendre des lunettes de luxe. C'était en 1996. Trois ans plus tard, c'est Hongkong. Toujours pour Cartier. Un poste privilégié d'où il supervise les zones commerciales de l'Extrême- Orient et du Pacifique jusqu'à la côte est des Etats-Unis. C'est à Hongkong aussi qu'il fait la connaissance d'Amy, lors d'une régate bien sûr! Elle est devenue sa femme. Et c'est dans cette ville que sont nées leurs deux fillettes, Marianne, 2 ans, et Victoire, 4 mois.
Mais le destin avait déjà frappé. A la porte: Roberto Lopez, président de Favre-Leuba et fervent amateur de régates, qui était à la recherche d'un homme de confiance pour reprendre la direction de cette marque. Et où trouver mieux que dans la vaste fraternité marine? «Le milieu de la régate constitue un formidable réseau. C'est à bord, lors de situations délicates, que l'on perçoit la vraie nature d'un individu. C'est souvent par ce biais que j'ai rencontré clients et collaborateurs», confesse Clément Brunet-Moret. D'où un changement radical de décor. A Bâle, sur les bords du Rhin, dès avril 2006, Clément Brunet-Moret apprend, après l'agitation asiatique, à garer sa voiture correctement, assimilant peu à peu les codes de la convivialité à l'allemande. Qui lui permettront plus tard de laisser ses enfants jouer en toute tranquillité à deux pas de la maison. Bâle, c'est pour lui la sécurité, la sérénité, certes, mais aussi une très grande culture.
Premier vrai défi
Au coeur du quartier huppé de Paulus, dans un bâtiment historique au fronton imposant avec ses colonnes néoclassiques et qui fut un des centres de la vie mondaine au siècle dernier, Clément Brunet-Moret se lance dans son premier vrai grand défi. Donner une nouvelle impulsion à une marque qui, fondée en 1778, fête cette année son 290e anniversaire. C'est avec des trémolos dans la voix qu'il parle déjà de Favre- Leuba, qui fut souvent par le passé à la pointe des innovations technologiques et sportives. Comme le fameux «Bivouac», le premier garde- temps altimètre mécanique de 1962, puis, quatre ans plus tard, le modèle «Bathy», encore une première avec une montre profondimètre mécanique.
M. B.
Tribune des Arts - No361 - Mai 2008