Pourquoi la montre ?
C’est l’un des rares produits réellement holistiques dans toutes ses dimensions créatives. Il offre une véritable richesse qui se décline aussi bien sur son esthétique, son ergonomie, son économie, mais aussi sur le marketing, la technique, le confort, la lisibilité, ainsi que toute la portée intime qui relie une montre à son propriétaire et le statut social que cela implique.
Très peu de produits, mis à part peut-être l’automobile, comportent autant de dimensions. Avec Ressence, j’ai pu toutes les embrasser, créer un univers complet. Il a fallu imaginer un produit à fort impact, mais pas trop compliqué à réaliser. Et c’est dans l’intervalle entre ces deux extrêmes que se niche toute la créativité.
Y a-t-il une expérience particulière qui vous a marqué ?
Oui, voir notre module ROCS fonctionner pour la toute première fois, il y a bientôt 15 ans. Jusque-là, nous n’avions que des simulations sur ordinateur. Mais un programme informatique ne vous dira jamais si cela marche vraiment ou pas ! Voir tous mes dessins entrer en mouvement, sous mes yeux, a créé une véritable émotion.
Quelle est la montre que vous portez au quotidien ?
Une Type 3. Jusqu’à présent, je trouve que c’est celle qui incarne le mieux ce que j’ai insufflé dans Ressence. Même si je dois vous avouer que je travaille actuellement sur un projet qui ira plus loin que ce modèle, mais il est encore trop tôt pour en parler.
De quoi êtes-vous le plus fier ?
De mes clients, de tous ces gens qui portent mes montres et qui correspondent aux valeurs que j’ai voulu injecter dans la marque. Ce sont en grande partie des valeurs personnelles, mais pas seulement, et c’est toujours pour moi une très grande fierté que de voir une communauté de collectionneurs qui se rassemble autour de ces mêmes valeurs.
Y a-t-il une perception que vous continuez à rectifier après toutes ces années ?
Plusieurs personnes continuent de penser que toutes nos montres sont plongées dans un bain d’huile. Ce n’est évidemment pas le cas. Ce n’est pas très grave, mais pas vrai pour autant !
Y a-t-il encore quelque chose que l’on ignore à propos de Ressence ?
Pas véritablement. J’ai voulu construire une marque ouverte, transparente, même si beaucoup de monde ignore que nous sommes nés en Belgique. J’ai choisi de localiser la production en Suisse, car c’est effectivement ici que tout le savoir-faire se trouve, mais en réalité je ne suis pas très attaché au côté belge, suisse ou autre. S’il y avait eu un savoir-faire équivalent en Allemagne, cela ne m’aurait pas posé de problème particulier.
Pour vous, quel sera l’après Ressence ?
Probablement voyager à titre personnel. Certains pensent que je suis déjà beaucoup en voyage, mais je qualifie davantage cela de déplacement. Je vais d’un bureau à un hôtel, et inversement. Ce genre de déplacement est très chronophage, raison pour laquelle j’essaie toujours de les faire les plus courts possibles.
Bien entendu, cela a un impact sur la densité de mon emploi du temps, mais c’est nécessaire. Rendez vous compte : pour six ou huit rendez-vous en Asie, il faut quasiment que je bloque une semaine, alors que je le ferais en 36 heures en Europe. Je tâche donc de limiter au maximum mes déplacements.
Pour le reste, il est encore trop tôt pour me projeter à l’âge de la retraite. Mon père a 79 ans et reste très actif, ce qui le maintient en excellente forme. Quant à moi, avec Ressence, je n’ai jamais véritablement eu l’impression de travailler !