Le coup de poker de Laurent Picciotto

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A daring gamble for Laurent Picciotto - Urwerk
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Urwerk et Chronopassion sont aujourd’hui indissociables. Laurent Picciotto, fondateur de l’enseigne parisienne, retrace la genèse de cette aventure peu commune.
Tout est question de limite. Savoir où elle se situe, c'est même à cela que l'on reconnaît les bons professionnels, de ceux que l'on appelle 'experts'. Cette limite, c'est celle qui sépare les projets horlogers les plus fous, décalés, mais techniquement et économiquement viables, des pures chimères et autres lubies. C'est elle qui sépare les futurs icônes horlogères des essais qui le resteront à jamais.

Alliages et satellites

Lorsque Laurent Picciotto a reçu Thomas Baumgartner, frère de Felix Baumgartner dans son bureau pour la première fois, en 2001, l'exercice de la limite s'est révélé particulièrement ardu.
L'homme entré chez Chronopassion ne parlait pas tourbillon, boîte ou aiguilles. Il parlait satellites, alliage et carrousel. "Il fallait déjà pas mal d'imagination pour voir à quoi aller ressembler les premières Urwerk", se rappelle Laurent Picciotto aujourd'hui. "On sentait néanmoins une vraie maîtrise horlogère, ce qui m'a rassuré sur la faisabilité du concept. Il fallait les aider à démarrer, par souscription. Je l'ai fait, mais c'était un pari qui aurait pu tout aussi bien être un coup d'épée dans l'eau". Le fondateur de Chronopassion, qui aime tant être présent dès les débuts d'une marque en laquelle il croit, a cette fois-ci dépassé ce stade : il était là avant même que la marque ne voit le jour !

Urwerk-Laurent-Picciotto
Une marque prévisible mais secrète
Aujourd'hui, tout le monde connaît Urwerk et ses vaisseaux horlogers du troisième millénaire. La marque est à la fois une des plus prévisibles et l'une des plus secrètes. L’amateur éclairé reconnaît un modèle de la marque, mais personne ne sait vraiment quelle sera sa prochaine création. "Il y a effectivement encore une bonne dose de secret chez Urwerk", confirme Laurent Picciotto. "Décalée, la marque l'est jusqu'au bout, elle n'utilise aucun moyen de communication habituel, elle assume jusqu'au bout ce qu'elle est : indépendante".

Discrétion d’horloger

Urwerk-Felix-Baumgartner
Felix Baumgartner, son âme horlogère, est en effet un homme rare dans les médias. Il est de ces horlogers qui laissent ses créations parler d’elles-mêmes. "Il faut donc faire un peu de pédagogie avant de passer une Urwerk au poignet d'un client. C'est une sorte d'initiation", précise Laurent Picciotto.

Urwerk est en effet une marque qui ne se livre pas d'elle-même. Elle demande à ce que l'on s'y attarde. Et pour ceux qui font cet effort, le graal horloger n'est pas loin. "Je n'ai jamais vu de client reposer une Urwerk une fois qu'il l'avait comprise, assimilée", note Laurent Picciotto. "Ce qui est également très surprenant avec cette marque, c'est qu'elle est capable de séduire l'iconoclaste habitué aux jouets horlogers les plus fous, comme les puristes amateurs de marques institutionnelles. Ces derniers ont simplement envie de se faire plaisir avec une montre hors norme".

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L'avenir d'Urwerk ne pose plus autant de questions qu'il y a dix ans. Pérenne, écoulant la totalité de sa production, la manufacture trace sa route, qu'elle seule connaît. Cette grande inconnue ne fait plus peur aux adeptes de la première heure, dont Laurent Picciotto a fait partie. En retour, Urwerk maintient une relation de confiance exclusive : Chronopassion a toujours été le détaillant exclusif de la marque en France. Leur union a même donné naissance à une série très limitée en 2010, la UR-202 “White Shark”.
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