Beauregard: le temps des certitudes

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Lili © Beauregard
Toute marque naissante est scrutée de près : produit, stratégie, fonds, projets, partenaires. Ce temps semble révolu pour Beauregard. Naissance d’une marque avec qui il faudra, probablement, compter

Voilà cinq années que Beauregard a émergé dans la sphère horlogère, avec un positionnement et une origine atypique. Le positionnement est, d’entrée, celui de la montre féminine parée d’un cadran haute joaillerie animé d’un Tourbillon Volant central. Leur réalisation est confidentielle, les formes sont charnues et généreuses, les pierres précieuses habituelles en sont presque totalement absentes. 

L’origine, c’est le Canada, et plus précisément Montréal. L’instigateur du projet, Alexandre Beauregard, est épris d’une gemmologie alternative aux standards. Chez lui ne brillent ni émeraude ni saphirs, mais plutôt opale, chrysoprase, améthyste et topaze, avec des volumes et une générosité qu’on ne leur connaissait pas. 

Ouverture internationale 

À l’audace du pari – 100% autofinancé – ont répondu la curiosité de détaillants et collectionneurs, puis leur intérêt, et enfin des engagements fermes. À tel point que le modeste atelier familial de trois personnes sera probablement à l’équilibre...dès l’année prochaine. En témoignent les Geneva Watch Days auxquels Alexandre Beauregard a participé cette année. « Nous avons noué des promesses fermes de partenariat pour ouvrir des points de vente au Moyen-Orient, qui absorbe aujourd’hui 95% de notre petite production, et bientôt aux États-Unis ».

La production, le mot est lâché : c’est elle qui, le plus souvent, représente un goulet d’étranglement que les marques indépendantes ont du mal à surmonter, faute de fonds. Mais rien de tel chez Beauregard, dont la totalité des montres en vitrine est payée à 100% par les détaillants qui les mettent en vente. De quoi s’assurer une rente minimale et, surtout, l’engagement du détaillant à fournir l’énergie nécessaire à la promotion de la marque. 

Alexandre Beauregard © Beauregard
Alexandre Beauregard © Beauregard

Accélération

Pourtant, de promotion, Beauregard pourrait ne pas en avoir tant besoin. De quelques pièces unitaires les deux dernières années, la production maison devrait atteindre 80 montres en 2024. La plupart est déjà réservée. Un apprenti a rejoint les ateliers. Un bureau en Suisse permettra de mieux coordonner la partie sertissage, sise à Montréal, avec la partie horlogère qui reste établie en terres helvétiques.

Celle-ci se fera par vagues de 30 montres. Il ne s’agira donc que de séries limitées. « Je ne peux pas faire plus », plaide Alexandre Beauregard. « Les pierres que je sélectionne sont extrêmement rares. À titre de comparaison, je peux avoir chaque année 2 à 3 poignées de chrysoprase de qualité « gem », donc parfaites, sans la moindre occlusion. De quoi faire quelques montres, pas plus. Mais depuis la genèse du projet, j’ai maintenant accumulé pour 10 ans de stock, de quoi nourrir de nombreux projets ». 

Lili Bouton © Beauregard
Lili Bouton © Beauregard

Une prochaine montre masculine 

Ces projets passeront peut-être par des collaborations. Alexandre Beauregard cite des amis, des références, des idées. Les paris sont ouverts, même si la plupart de ces signatures de la belle horlogerie indépendante sont en surcharge de travail avec leur propre production. Mais les discussions sont ouvertes et Alexandre Beauregard s’oriente très clairement vers l’ajout d’une collection masculine à son catalogue, dont les prototypes ont déjà pu être aperçus aux Geneva Watch Days. Pour en savoir plus, Beauregard s’exposera de nouveau à Dubai en novembre, puis à Watches and Wonders. Où l’on verra probablement la même cohorte de (très) grandes marques institutionnelles défiler à son stand pour savoir comment cet artisan canadien est parvenu à imposer une nouvelle lecture de la belle horlogerie précieuse. 

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