Crash de Cartier : un heureux accident

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Cartier Crash London watch, 1967 © Cartier
Née en 1967 à Londres, la Crash consacre le génie de Cartier dans l’invention des montres de formes. Rare, exclusive, elle est de plus en plus recherchée par les collectionneurs

L’horlogerie possède ses légendes, ses mystères et ses hasards, racontés de génération en génération, sans qu’aucune preuve écrite ne vienne attester de leur véracité. L’histoire de la naissance de la montre Crash en est l’un des exemples les plus fameux: cette légende orale remonte à 1967 et prend racine à Londres. 

Crash Tigrée, Métiers d’art © Cartier
Crash Tigrée, Métiers d’art © Cartier

On raconte qu’un client de Cartier aurait demandé à la branche londonienne de la marque de réparer sa montre dont le boîtier déformé laissait supposer qu’elle était passée sous les roues d’une voiture. Le fils de Jacques Cartier, Jean-Jacques, responsable de la filiale londonienne de la marque depuis 1941, aurait été séduit par cette forme et aurait souhaité en reproduire le dessin. Une riche idée, comme le démontrera le succès croissant de cette montre si bien nommée qui semble tout droit sortie du célèbre tableau «La Persistance de la mémoire» (plus connu du public sous le nom « Les Montres molles ») peint par Salvador Dali en 1931.

Mechanical Legends Crash Skeleton watch © Cartier
Montre Mechanical Legends Crash Squelette © Cartier

UNE FORME UNIQUE

Anti conventionnelle, disruptive, surprenante, la Crash concentre en elle la quintessence de la science des formes telle que Cartier la pratique depuis plus d’un siècle. On pense évidemment à la montre créée en 1904 pour le pionnier de l’aviation Alberto Santos-Dumont, un modèle carré considéré aujourd’hui comme la toute première montre-bracelet masculine. On pense également à la Tank, commercialisée à partir de 1919, et à ses nombreuses variations autour du rectangle. 

Il y a aussi la montre Tortue et sa forme tonneau, dévoilée au début des années 1910, ou encore l’ovale parfait ou étiré de la montre Baignoire. Ces classiques de l’horlogerie sont nés pour la plupart dans l’effervescence stylistique du début du siècle dernier. En cela, la Crash fait exception. Non seulement elle s’inscrit dans l’énergie créative des Swinging Sixties, mais elle n’a pas vocation à faire la synthèse des formes explorées jusqu’alors par Cartier. Ni ronde ni ovale, ni carrée ni rectangulaire, elle échappe à toute notion de géométrie. Cabossée, accidentée et pleine d’humour.

Crash, Cartier Libre collection © Cartier
Crash, collection Cartier Libre © Cartier

UN OBJET DE COLLECTION

Éditée en toutes petites séries limitées depuis le premier modèle imaginé à Londres en 1967, la Crash ne laisse personne indifférent. Tour à tour sertie avec des allures de montre bijou, squelettée pour mieux mettre à nu la technicité de son mouvement mécanique, drapée d’émail et de diamants dans une surprenante édition limitée de 50 pièces Crash Tigrée dévoilée en 2022, ou tout simplement en or jaune, écho au tout premier modèle né à Londres, la Crash connaît un succès croissant auprès des collectionneurs. 

Est- ce parce qu’elle a été aperçue au poignet de stars de la pop culture telles que Kanye West, Tyler The Creator ou Jay-Z? Leur intérêt aura sans doute été profitable à la cote de la Crash qui ne cesse de grimper dans les ventes aux enchères. En février 2024, une Crash en or jaune des années 1990 ayant appartenu à Elton John s’est envolée pour 277’200 dollars. En 2022, une rarissime «London Crash » de 1967 a été adjugée pour 1,5 million de dollars sur le site de vente aux enchères horlo- gères Loupe This. Un record !

Archive sketch of the Crash watch © Cartier
Dessin d’archive de la montre Crash © Cartier

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