Quand on pense à De Bethune, marque de haute horlogerie indépendante basée à Sainte-Croix, en Suisse, on pense à des modèles emblématiques comme la DB 28 d’avant-garde avec sa couronne à 12 heures et ses berceaux mobiles brevetés, conçus pour le confort et la polyvalence. Ou peut-être la DB 25, une collection plus classique qui convient aux amateurs de montres plus traditionnels. Il y a trois ans, De Bethune a lancé la DB Kind of Two, une montre réversible qui pivote dans ses berceaux, sur l’axe 3-9, afin de mettre en valeur davantage de fonctions et de décors, au-delà de ce qu’une montre à cadran unique pourrait raisonnablement contenir.
Le système de double cadran a permis à De Bethune de réaliser des montres à complications multiples. Le concept est à son apothéose avec la DB Kind of Grande Complication, sortie il y a quelques semaines. Le maître horloger Denis Flageollet, qui est à l'origine de toutes les créations de la marque, n'est pas seulement un génie de la mécanique : il est surtout connu pour son approche holistique de l'horlogerie, qui couvre également les aspects esthétiques et pratiques d'une montre à porter au poignet.
À étudier les précédents modèles de la marque, cette approche saute aux yeux. Alors que De Bethune avait manifestement l'expertise nécessaire pour produire des montres à multiples fonctions, Denis Flageollet a jugé préférable de limiter le champ des possibles jusqu'à l’arrivée de la DB Kind of Two : elle a introduit le système qui allait fournir l'espace nécessaire à la Kind of Grande Complication.
D'un côté de la DB Kind of Grande Complication, le tourbillon haute fréquence à rotation rapide propre à De Bethune occupe une place de choix. Il bat à la fréquence de 5 Hz (36'000 A/h) et effectue une rotation toutes les 30 secondes, un double avantage pour la précision de la montre. Malgré la fréquence élevée, le balancier et le spiral brevetés (avec courbe terminale De Bethune) sont clairement visibles au centre du mécanisme du tourbillon, rappelant avec acuité la réputation d'innovation que De Bethune s’est forgée depuis ses débuts.
Juste au-dessus du tourbillon, on trouve l'indication des heures, des minutes et des secondes, avec une particularité intéressante pour les dernières. Chez De Bethune, la mécanique va de pair avec la fonctionnalité – ce n'est pas une marque qui introduit des mécanismes complexes juste pour se faire le plaisir. Dans la DB Kind of Grande Complication, l'aiguille centrale des secondes est une seconde morte (Denis Flageollet préfère le terme, plus explicite, de « seconde sautante » à celui, plus courant, de « seconde morte ») qui offre un degré de précision supérieur, car elle passe clairement d'une seconde à l'autre, contrairement à l’aiguille traînante qui assure l'indication des secondes dans la plupart des autres montres mécaniques.
À gauche, le cadran affiche une réserve de marche de 4 jours – une performance impressionnante pour une montre cadencée à 5 Hz. À droite, à la périphérie de l'un des barillets, une échelle graduée de 1 à 29 représente les jours lunaires, une caractéristique rare dans les montres à phase de lune. Elle renforce l'utilité de la phase de lune ultra précise, affichée en 3D sur l'autre cadran (visible lorsque la montre est portée au poignet avec la couronne positionnée à 6 heures). La lune sphérique rotative, caractéristique de De Bethune, est formée de deux hémisphères (l'un en acier bleui, l'autre en palladium poli) et n'enregistre un jour d'erreur qu’au bout de 122 ans. Elle est positionnée à 3 heures et son hémisphère bleu se fond parfaitement dans le cadran en titane bleui à chaud. Ce dernier est décoré à l’image d’un firmament chargé d'étoiles, constellé de goupilles en or pour évoquer la Voie lactée qui traverse le ciel nocturne.
Ce cadran comporte en outre un calendrier perpétuel, avec affichage de la date à 9 heures, du jour de la semaine à 1 heure et du mois à 4 heures. Bien entendu, aucune montre à calendrier perpétuel n'est complète sans l'indication de l'année bissextile : elle apparaît juste à côté de la lune sphérique.
Comme nous l'avons déjà évoqué, toute montre De Bethune s’accompagne d'une myriade de petites touches qui renforce le plaisir de la porter au poignet, et la DB Kind of Grande Complication n'échappe pas à la règle. Des caractéristiques comme les berceaux mobiles rendent cette montre incroyablement facile à porter, malgré un boîtier de 43,3 mm de diamètre et 13,85 mm d’épaisseur. Les aiguilles sont, en phase terminale, façonnées à la main, en particulier celles qui doivent passer au-dessus de la lune sphérique. Elles doivent être courbées de manière à ce que leurs pointes se rapprochent le plus possible du cadran (pour la précision de la lecture), sans qu’elles se heurtent à la lune sphérique qui dépasse de la surface du cadran.
La De Bethune DB Kind of Grande Complication fait figure de condensé suprême, représentatif des 22 années d'innovation mécanique de cette merveilleuse marque – son double-album de hits, en quelque sorte –, mais cela ne signifie pas que le voyage s'arrête là. Ayant eu la chance de parler personnellement à Denis Flageollet, lors du lancement de cette montre, je peux vous assurer qu'il y a encore beaucoup de concepts étonnants et d'innovations techniques à venir pour les amoureux de De Bethune et de ses créations. Et ce n’est pas « peut-être » ou « en quelque sorte ». C'est une vraie promesse.
