Interrogés au lendemain du dernier jour du salon genevois, une dizaine de CEO et personnalités de marques de toutes les tailles ont partagé leurs sentiments sur son déroulement en général, et son organisation en particulier.
Tout le monde tire à la même corde, et veille aux cordons de la bourse
La saine émulation entre les marques de cette édition est sur toutes les lèvres, à commencer par celles de Juliette North, directrice de la communication et de la stratégie chez Hermès, qui évoque : « En premier lieu, un sentiment de grande satisfaction sur l’accueil reçu par les nombreux publics, tant en ce qui concerne nos produits que notre scénographie. Ensuite, la joie de faire partie d’une industrie qui rayonne de plus en plus et parle d’une même voix. La présence de nouvelles marques, l’ouverture grandissante au public et la participation active de la presse, de l’influence et des clients (détaillants ou finaux) y contribuent sans aucun doute. Sans oublier le “In the City”, qui en fait un événement genevois à part entière. »
Même son de carillon chez Vacheron Constantin, dont la directrice du marketing produit et du design Sandrine Donguy se réjouit d’« une édition remarquable synonyme d’unité, d’ouverture et de partage avec l’ensemble de la communauté horlogère, dans une atmosphère incroyable. Une fierté également pour les équipes de Vacheron Constantin qui célèbrent les 270 ans de la Maison avec un éventail de pièces illustrant son savoir-faire. »

Soufflant quant à lui les 160 bougies de Zenith, son CEO Benoit de Clerck complète ce constat : « J’ai senti une énergie collective remarquable. Une édition 2025 dense, bien rythmée, marquée par un vrai retour à l’essentiel : excellence horlogère, des lancements solides et mise en lumière des savoir-faire. »
Toujours chez LVMH mais cette fois sur le stand spectaculaire de TAG Heuer bardé de F1 et du nouveau slogan « Designed to win », le CEO Antoine Pin parle d’« un moment vraiment dynamique, pas du tout morose, contrairement à certaines anticipations liées à la tendance baissière des exportations horlogères », il souligne « Un espace agrandi avec une excellente organisation qui a permis d’accueillir un nombre croissant de visiteurs de façon très fluide », et observe « Beaucoup de nouveautés comme chaque année, mais avec peut-être un panel plus large en termes de prix, une attention particulière sur les entrées de gamme ».

L’importance de l’accessibilité des nouveautés est régulièrement mise en avant par les dirigeants, notamment ceux de Baume & Mercier, Eberhard ou encore Frédérique Constant. Ainsi, Mario Peserico (General Manager d’Eberhard) parle d’une édition en général très positive malgré le climat politico-économique, et d’un très bon accueil de sa nouvelle collection Contodat grâce aux efforts pour offrir un très bon rapport qualité-prix avec un look vintage, « une approche essentielle dans le contexte d’aujourd’hui ».

Nouveau CEO de Baume & Mercier, Michael Guenoun salue la résilience et l’irrésistible attrait de l’horlogerie suisse que prouvent ce salon et son affluence, s’enthousiasme à la fois de sa capacité à innover et de sa fréquentation par une clientèle plus jeune, qui continue de se passionner pour les montres. Lui aussi partage l’insistance de ses détaillants pour des produits commerciaux au juste prix, avec moins de références et plus d’identité, bien équilibrés entre les montres pour dames et hommes, avec une touche rétro.

Sage de l’industrie historiquement habitué de Baselworld et familier de la scène du Grand Prix d’Horlogerie de Genève, Karl-Friedrich Scheufele (co-président de Chopard) résume ainsi le sentiment général : « 2025 fut une belle édition, bénéficiant d’une atmosphère générale positive malgré le monde qui nous entoure, présentant des nouveautés qualitatives, un intérêt du public en augmentation et un centre-ville encore mieux intégré. »
Une organisation sans faille, mais attention à l’hébergement
Grande marque chez les petites, Frédérique Constant laisse entendre par la voix de son CEO Niels Eggerding que l’organisation du salon s’était largement améliorée. Il applaudit le nouvel aménagement des espaces Le Carré des Horlogers et La Place (regroupant des marques de tailles plus modestes) et leur cohabitation réussie avec les géants Rolex, Tudor et Chanel, allant jusqu’à affirmer qu’il s’agissait de la meilleure édition depuis leur participation à Watches & Wonders (anciennement à Baselworld). Encore plus enthousiaste, Michael Guenoun (Baume & Mercier) parle d’une organisation parfaite, apprécie énormément les trois jours d’ouverture au public qui leur ont apporté des clients du monde entier venus pour l’occasion, à qui ils ont vendu des montres sur place pour la première fois (« bien plus que prévu »), et trouve positif également de permettre aux fournisseurs de montrer leurs savoir-faire et de mieux expliquer ainsi l’écosystème horloger.
Se joignant à ce concert de louanges, Benoit de Clerck (Zenith) avance « une organisation exemplaire, pensée pour valoriser la créativité des maisons et fluidifier l’expérience. » Son homologue de TAG Heuer Antoine Pin juge l’organisation « franchement très bonne. Aucune anicroche ne m’a été remontée. La logistique était excellente avec un vrai confort de travail pour les maisons comme pour les partenaires (presse, détaillants). Simplement, atteint-on les limites en termes d’hébergement ? » C’était l’avis de Karl-Friedrich Scheufele (Chopard), notamment du fait que certains hôtels étaient en rénovation.

Pour Juliette North (Hermès), « Malgré l’augmentation du nombre de marques et l’ouverture grandissante au public, le salon reste une expérience qualitative, tant pour les visiteurs que les exposants, et nous souhaitons remercier l’organisation du WWG pour cette belle édition et sa collaboration à rendre cet événement unique et cohérent. » Ce sentiment est partagé par Christian Selmoni (directeur du patrimoine de Vacheron Constantin) : « en regroupant la grande famille de l’horlogerie durant une semaine au cœur d’un écrin d’exception, WWG nous a permis d’offrir la meilleure expérience possible à tous les publics, professionnels, clients, presse, aficionados et amateurs, ce grâce à une organisation sans précédent. »
Time To Watches sorti de l’ombre
Contrairement aux années précédentes, le soleil a brillé également sur les stands de Time To Watches, le salon parallèle regroupant 70 exposants parfois très modestes et pour la première fois à la Villa Sarasin (à un jet de pierre de Palexpo, voir notre article récapitulatif des salons ici). Au rez-de-chaussée, le cofondateur et DG de Lorige Clément Etienvre résume ainsi le sentiment général : « Très belle édition de TimeToWatches, bien organisée, avec beaucoup de passage et une variété de marques présentes très sympathiques. La proximité avec Watches & Wonders a permis aux détaillants “importants” de se déplacer ici pour découvrir les petits indépendants après avoir enchaîné les rendez-vous avec les acteurs principaux du secteur à Palexpo. »
S’il fallait améliorer quelque chose ? « Peut-être plus de moments de réseautage pour apporter un peu d’échange entre les différents exposants. »

Les rares marques encore disséminées en ville se posent donc la question avec de plus en plus d’insistance : devraient-elles exposer à WWG, et leur candidature sera-t-elle acceptée ? Réponses en 2026.