Philosophie

8 minutes read
Une approche de l'horlogerie purement intellectuelle où la force comme la beauté de l'objet sont l'expression de sa noblesse, de son immuabilité et de sa pertinence…


À la Manufacture Royale, il y a une devise : « E pluribus unum », que l'on peut traduire par « un à partir de plusieurs », qui est l'essence même de cette jeune maison dont les racines la ramènent au temps de Voltaire et où les forces vives de passionnés se sont unies autour d'une même cause pour offrir aux amateurs une pièce d'horlogerie aux caractéristiques uniques. Unis dans leur quête de perfection, ces artistes ont repoussé les limites du génie humain pour donner naissance à une œuvre capable d'amplifier leur passion et l'idée même que l'on pouvait se faire du temps sous toutes ses formes.

« Les beaux esprits se rencontrent » disait Voltaire, et Arnaud Faivre en sait quelque chose. Cet entrepreneur français dans le bel âge, ayant déjà largement fait son chemin dans le métier en servant les meilleurs, avait envie de passer un cap en offrant à des passionnés d'art horloger des garde-temps à la hauteur de leurs attentes.

Ce passionné ayant la délicate charge de réaliser pour les plus grandes maisons des composants de montres terminés à la main, a choisi de lancer sa propre marque. Confronté journellement au plus beau, il a fait le pari de redonner vie à un projet fou datant du Siècle des Lumières et dont tout le monde ou presque a oublié même l'existence : la manufacture fondée par Voltaire à Ferney, un village attenant à Genève mais de l'autre côté de la frontière.

Épris d'exception, et doué d'un sens de la perfection acquis à travers le soin apporté à son travail, ce visionnaire ayant une haute idée de l'horlogerie s'est associé à d'autres puristes soucieux de s'impliquer à fond dans un projet transcendant leur passion grâce à la qualité de sa réalisation. L'idée n'était pas tant de proposer une énième montre rare, mais de créer une œuvre d'art au sens premier du terme ; de produire un instrument dont les qualités objectives le fassent sortir du lot. En soi, l'idée de pousser tous les standards du métier à leur paroxysme pour créer la montre ultime ex nihilo…

Une approche de l'horlogerie purement intellectuelle où la force comme la beauté de l'objet sont l'expression de sa noblesse, de son immuabilité et de sa pertinence…



Noblesse

L'emblème de la Manufacture Royale, librement inspiré de l'enclume dans laquelle Escalibor, l'épée d'Artu (1), le roi de la légende arthurienne, aurait été fichée, est un signe fort à destination des amateurs sachant transcrire les symboles en pensées. Presque alchimique, cette signature affiche d'emblée les nobles ambitions de l'entreprise.

Elle traduit des valeurs natives de droiture, de grandeur d'âme et de probité autour desquelles les créateurs Arnaud Faivre, Charles Grosbéty ainsi que les maîtres horlogers Michel Navas et Enrico Barbasini ont choisi de s'unir et de militer afin d'offrir à 12 heureux élus, un chef d'œuvre comme le métier aimerait en voir plus souvent. Dans leur secteur d'activité, ces hommes animés par la passion pour la « bienfacture » font honneur au métier horloger afin d'offrir ce qui existe actuellement de mieux en termes de conception de mouvements et de finitions.

Noblesse aussi dans la démarche fondatrice ! Pour la Manufacture Royale, il n'est pas question de proposer des développements mécaniques hasardeux aux futurs propriétaires, mais des constructions originales, fiables et durables. C'est la raison du choix d'associer une complication améliorant la précision de la montre, à une autre permettant à la vue comme à l'ouïe de profiter de cette précision.

(1) : Cycle Lancelot-Graal : roman en prose du XIIIème siècle attribué à Gautier Map retraçant l'enfance et les débuts du règne d'Arthur, le roi des deux Bretagne. Anonyme. Repris et compilé par Jean Frappier, en ancien français, aux Editions Droz ; circa 1936. / 6 tomes.



Immuabilité

Visuellement classique, mais fondamentalement innovant, ce calibre de 32 mm pour 5,45 mm d'épaisseur dont les détails se découvrent grâce à un savant ajourage des platines et des ponts à travers les verres saphirs de face et de fond (trois glaces pour cette références) a demandé trois ans de recherche et de mise au point à La Fabrique du Temps de Michel Navas et Enrico Barbasini, maîtres horlogers qui, réputés dans le métier, ont travaillé pour les plus grandes maisons à la conception et à la réalisation de mouvements d'exceptions.

Manufacture Royale_334872_0


Pour la Manufacture Royale, ils ont élaboré un cœur mécanique à remontage manuel régulé par un tourbillon dont l'esthétique est fondamentalement canonique, mais dont l'approche fonctionnelle est résolument audacieuse.

En effet, si la platine et les ponts sont classiquement usinés en laiton, rhodiés puis terminés et anglés à la main, les composants de l'échappement battant à 3 Hz (soit 21 600 alt./h) sont eux tournés vers l'avenir puisque, pour des raisons de fonctionnalité et de rendement, la manufacture a retenu pour l'assortiment de la cage de tourbillon, une roue d'échappement et une ancre taillées dans du silicium.

L'immuabilité est à ce prix car il est aujourd'hui établi que ces composants, d'une durabilité infiniment supérieure à ceux habituellement employés dans la profession, permettent de garantir une meilleure tenue de la précision dans le temps. Mais l'originalité va bien au-delà de la matière futuriste employée. En effet, cet organe constitué de 319 pièces dont 29 rubis est réalisé de telle façon qu'il offre plus de 100 heures de réserve de marche. En outre, trois innovations majeures sont réunies dans cette montre pour lui garantir une sonnerie puissante et claire (heures en La et minutes en Do Dièse), identique à celle que l'on peut entendre en actionnant les plus beaux garde-temps de poche réalisés à la fin du XIXième siècle.


Manufacture Royale_334872_1
La montre Opéra est produite à seulement 12 exemplaires, tous uniques. © Manufacture Royale

 

Pertinence

Pour garantir à une montre à répétition minutes de pouvoir être entendue par son porteur sans qu'il lui soit nécessaire de la porter à l'oreille, il fallait complètement repenser le mode de formation des ondes acoustiques et revisiter son mode de transmission dans le boîtier.

En matière sonore, la Manufacture Royale a tout particulièrement cherché à valoriser sa force et sa régularité en mettant au point un mécanisme de répétition minutes original faisant appel à 3 innovations, dont un ressort du râteau des minutes plus fort, un ressort de sonnerie plus long que sur les mécanismes classiques (6 tours au lieu de 3) et des timbres réalisés d'une seule pièce à l'interne avec un alliage et selon des procédés jalousement gardés.

Structurellement plus fort que la moyenne, le son méritait alors un habillage sur-mesure.
Un objet d'art est une œuvre incontestable ayant atteint l'équilibre ultime. Pour offrir ce statut à la montre créée par la Manufacture Royale, il fallait qu'un démiurge pose son regard d'artiste sur cette composition mécanique.

Lorsque Arnaud Faivre a proposé à Charles Grosbéty de façonner la carrure de la montre, ce créateur d'objets, prototypiste de boîtiers horlogers durant 25 ans, et ayant différents projets avec le constructeur Maserati, a initialement refusé. Cet homme travaillant à l'ancienne, autrement dit sans ordinateur, est un sculpteur horloger, au sens premier du terme. Mis au défi de réaliser un boîtier dont la conception permette d'augmenter sensiblement la puissance sonore de cette extraordinaire machine à dire le temps, il a finalement accepté le challenge.

Manufacture Royale_334872_2



Travaillant par itérations successives, il a imaginé une carrure articulée se déployant comme le ferait un soufflet d'orgue. Cette fantastique caisse de résonance à géométrie variable, au profil reproduisant la courbe de Fibonnacci - l'expression géométrique du nombre d'or - fini par ressembler en miniature à la structure externe de l'Opéra de Sydney, une œuvre architecturale majeure dont l'artiste reconnaît s'être librement inspiré lors de l'élaboration de la pièce.

Cette montre, produite à seulement 12 exemplaires, tous uniques, méritait un écrin digne d'elle. Celui-ci, réalisé en bois nobles à l'unité pour chacune des pièces, reproduit l'Opéra Bastille, construit sur les fondations de la Forteresse de la Bastille à Paris, point de départ de la Révolution Française, mais aussi lieu où fut, par deux fois enfermé Voltaire en raison de son insolence à l'égard du pouvoir en place.

Le génie est souvent la somme du meilleur d'êtres mus par les mêmes motivations.

Avec le garde-temps Opéra, le talent de ses concepteurs réunis au sein de la Manufacture Royale a pu s'épanouir car cet instrument est la somme d'un travail de fond ayant été entrepris sans contraintes dans l'unique but de permettre à quelques amateurs éclairés d'accéder à ce que le métier offre de meilleur en matière de réalisation mécanique.

Les fondateurs, passionnés par l'œuvre de Voltaire et mus par un même désir de perfection, s'inscrivent aujourd'hui dans le métier comme les continuateurs de la mission d'un homme qui, écrivain, philosophe et entrepreneur visionnaire, avait comme ambition de donner un nouveau sens à l'horlogerie et pour plaisir celui de créer des œuvres sensibles et, par essence, sublimes.

S'inscrivant dans la continuité historique et, un sens dépositaire de sa vision horlogère, la Manufacture Royale a pris le soin de poser les jalons d'un fructueux partenariat avec le Château de Voltaire à Ferney et d'en faire son siège culturel. Et parce que la sincérité n'a de sens que dans la transparence et la confiance, les ateliers de la Manufacture Royale sont ouverts sur rendez-vous à tous ceux qui voudraient en savoir plus sur la réalisation du garde-temps Opéra, le premier d'une longue série de montres d'exceptions destinées à servir d'étalon en matière de ce que les horlogers appellent « la bienfacture ».

Marque