La Perrelet Turbine Erotic

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Le point de vue du collectionneur sur cet étrange objet du désir...

WORLDTEMPUS - 16 juillet 2012
Serge Panczuk

Le choix d'une montre est un exercice difficile qui doit permettre de trouver le juste équilibre entre une valeur réelle (financière) avec une valeur perçue (l'image, le plaisir, le goût). L'objectif de cette rubrique est de vous faire partager mes points de vue sur certaines pièces qui ont retenu mon attention. J'essaierai de rester le plus subjectif possible, avec comme intention première d'attiser votre curiosité.


Notre époque pousse trop souvent à la tristesse. Le temps couvert, les nouvelles moroses, sont autant de barrières à la bonne humeur et au « laisser-aller ». Pour ceux qui osent, il y a pourtant un moyen de susciter un sourire coquin à tous ceux qui observeront – attentivement – leurs poignets.  Cet étrange objet de désir s'appelle la Perrelet Erotic …

Pourquoi Perrelet ?

Perrelet est une marque fondée en 1777 par Abraham Louis Perrelet, un des inventeurs supposés du mouvement automatique. Cette origine classique ne laissait en aucun cas présager de la folie créative qui allait s'emparer de la marque. En partant d'un modèle « historique », la Double Rotor, Perrelet a été frappé par la grâce en lançant il y a quelques années la Turbine.  

 

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La Perrelet Erotic Limited Edition : est-ce bien sérieux ….

L'histoire de la Turbine commence en 2009, quand Perrelet lance sa première collection de montres intégrant une turbine à 12 pales sur le cadran. Grâce au mouvement du poignet, ce rotor s'anime et laisse apparaître le cadran qui arbore des couleurs sympathiques. Plus le mouvement de la turbine est rapide, et plus le cadran « caché » devient visible.

L'idée était simple, amusante et pour tout dire rafraîchissante. Loin des codes bien trop sérieux de l'horlogerie contemporaine,  Perrelet remet le garde temps à sa – vraie – place, celle d'un jouet pour adulte …

Mais l'affichage d'une couleur n'était que le début… Très rapidement, les designers de la marque perçoivent le potentiel de cette turbine. En complément des couleurs, ils décident d'intégrer des images. Les séries limitées sont nées !

Et la plus décalée s'appelle l'Erotic. Pas besoin d'un dessin pour comprendre … Ou plutôt si ;) Les modèles Erotic réinterprètent les montres polissonnes issues du libertinage horloger du XVIIème siècle. Cette version s'appuie sur l'imagerie Hentaï. Des dessins très suggestifs sont cachés sous le rotor. En fait, Perrelet propose 4 versions, chacune limitée à 88 pièces.

Mon modèle préféré reste la version DLC. C'est celle qui intègre le mieux la turbine et qui reste la plus « sage » au porté. Elle permet un meilleur rendu global de la pièce en rendant l'intégration du bracelet à la boîte plus discret. Pour l'image choisie, je vous laisserai imaginer… C'est d'ailleurs la grande force de ce garde-temps. Il reste d'une discrétion absolue dans la plupart des cas, un mouvement normal du poignet ne laissant apparaître que des morceaux du dessin. Pour le découvrir complètement, le porteur de la montre devra idéalement la retirer et faire tourner rapidement le rotor.

 

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Mais au-delà de cet aspect coquin, cette Perrelet reste une belle pièce horlogère. J'apprécie l'aiguille des secondes rouges qui reprend une des couleurs utilisées pour le dessin. Le cadran est lui-même rehaussé de certains indicateurs horaires également rouges. Et le mouvement Perrelet P181, basé sur un calibre Soprod, est quant à lui très bien fini.

Qu'en pense l'avocat du diable ?

A priori il aime … Cette pièce est un summum du politiquement incorrect. Mais encore une fois, on peut lui trouver quelques points d'amélioration. Pour ma part, je ne suis pas un grand fan de l'intégration des couronnes dans la boîte. Je comprends l'objectif de discrétion, mais j'aime les couronnes visibles.

Le bracelet devrait également être revu. Un cuir noir mat à coutures rouges serait parfait. Un cuir rouge à couture blanche rendrait l'Erotic encore plus sensuelle, mais au détriment de sa discrétion. Et pas besoin de mettre le logo Perrelet sur le bracelet en caoutchouc. Cela casse la fluidité de la pièce.

Quelle image véhiculera le porteur de cette Turbine ?

« Qui ose vaincra ».

Le porteur de cette Perrelet a de l'humour. Il ne se prend pas au sérieux et garde une âme d'ado. L'érotisme manga est en phase avec le XXIème siècle. La Turbine suggère la technologie. L'amateur de cette série limitée est un geek qui s'ignore ou qui s'assume. Il portera cette montre dans des occasions particulières, et attendra les commentaires pour se dévoiler. Il ne s'agit pas d'une montre que l'on exhibe, mais d'un garde-temps que l'on « suggère ».

Le recours au dessin permet également d'assumer un côté artiste, un brin provocateur, mais certainement enclin à sortir des sentiers battus. C'est donc finalement une montre qui révèlera votre côté artiste décalé, provocateur sans jamais être vulgaire.

 

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