Design audacieux

Nous sommes à des années lumières d’une industrie horlogère enlisée dans un immobilisme ennuyeux. Aujourd’hui, les manufactures ne semblent pas avoir peur de quoi que ce soit, et encore mois de bousculer les traditions. De fait, l’offre est riche, les garde-temps gagnent en originalité et prennent ce qu’il y a de meilleur dans chaque époque, chaque période, chaque mouvement… Si les années 70 continuent d’inspirer les designers du moment, c’est le cas aussi des années 30, 50 ou 60. De quoi nous permettre de remonter le temps au fil de certaines nouveautés du moment. 

Revenons au cœur des années 30, le style Art Deco est à son comble, Jaeger-LeCoultre lance alors la mythique Reverso reconnaissable par son boîtier réversible. Une source d’inspiration incontestable pour De Béthune et sa DB Kind of Two. Kind of Two comme deux types de cadrans puisque son boîtier est réversible. 

Deux décennies s’écoulent et les années 50 s’imposent comme une nouvelle période majeure en termes d’architecture. Audemars Piguet présente cette année la (Re)Master02 avec son boîtier asymétrique rendant hommage au brutalisme réalisé dans un or inédit. Ni blanc, ni rose, mais entre les deux, une sorte de gris chaud que la manufacture a baptisé or sand. 

MB&F lève le voile sur sa nouvelle machine, la HM11 Architect inspirée de l’architecture un peu fofolle de cette époque. Une sorte de montre à habiter avec ses quatre pièces reliées au centre par un tourbillon. Parmi ces quatre cadrans, il y en a même un qui mesure la température. 

Nous sommes à la veille des années 60, en 1957 très exactement. Date à laquelle l’Union Soviétique met au point Spoutnik 1, le premier satellite artificiel en orbite autour de la Terre. La Urwerk UR-102 "Reloaded" s'inspire de l'esthétique de cet OVNI tout en rondeurs. 

Corum reste fidèle à une de ses icônes. La montre monnaie dont le cadran n’est autre qu’une pièce de monnaie. Un concept déposé en 1964 et une première montre présentée an 1965 à la Foire de Bâle. Aujourd’hui, encore et toujours en collection, cette montre monnaie connue sous le nom de Heritage Coin démontre combien Corum n’a jamais cessé de faire preuve d’une créativité exacerbée. 

Nous sommes alors aux prémices de la folie des années 70. Dès lors, tout est possible, rien n’est too much. Les géométries sont variables, l’octogone fait son entrée sur la scène horlogère grâce à Audemars Piguet qui lance en 1972 la Royal Oak. Tout comme ce monument horloger, la T1 Series en titane de HYT joue la carte de l’octogone. 

Autre géométrie seventies, le rectangle bousculé comme celui du boîtier de la Cyrus Kambys dont chacun des brancards est le fruit du mariage réussi de deux pans coupés. 

Les années 70 correspondent également à des effets de style psychédéliques riches en couleurs, en mouvement ou en illusions. Des illusions que l’on retrouve dans le cadran ajouré de la Gucci 25H qui arbore un motif complexe créé par la cymatique, un art qui utilise les ondes sonores pour générer formes et matière. Dans ce cas précis, les sons viennent des marteaux frappant les timbres de la répétition minutes. Ils sont ensuite transposés en ondes puis en motifs, offrant une fusion remarquable entre alchimie sonore et magnificence visuelle. Gucci se lance ainsi dans l’extraordinaire aventure de la haute horlogerie sur fond d’effets de style psychédéliques. Un exemple flagrant à utiliser comme la démonstration de l’audace créative de l’industrie horlogère qui sait comme personne se renouveler et s’adapter aux tendances. Non, l’horlogerie ne tourne pas en rond !