Je n’ai jamais caché que j’apprécie beaucoup De Bethune mais, ce que je dis moins, c’est que, à ma grande confusion, il m’a fallu beaucoup de temps pour y arriver. Au début, les circonstances n’étaient pas des plus propices. J’ai découvert ma première De Bethune en 2010, alors que je n’en étais qu’aux prémices de mon éducation horlogère, et quiconque connaît un peu la marque sait que l’on ne peut pas présenter ses montres à un néophyte sans précautions. La montre était la DB28, qui venait juste d’être lancée, et j’ai été immédiatement intimidée par l’intelligence avec laquelle elle avait été créée et par son aspect complètement différent des autres. Maintenant que la DB28 en est à sa deuxième décennie et que l’esthétique de l’horlogerie indépendante d’avant-garde est familière, ce genre de terreur de débutant semble ridicule. Ce n’était pas le cas en 2010.
Si vous faites partie de ceux qui sont tombés amoureux de De Bethune sans connaître grand-chose à l’horlogerie, c’est que vous avez un œil avisé et un sens inné de l’innovation micromécanique, et je vous tire mon chapeau. Mon admiration pour les créations de De Bethune a augmenté au fur et à mesure que j’avançais dans ma formation horlogère et que je développais mes facultés critiques et analytiques dans ce domaine. Je pense honnêtement que Denis Flageollet est le plus grand horloger indépendant travaillant actuellement en Suisse (je ne connais pas suffisamment la haute horlogerie non suisse pour généraliser cette affirmation). Il y a un certain nombre d’horlogers particulièrement créatifs et géniaux dans cette catégorie mais, à mon avis, Flageollet se distingue par sa propension à innover avec pragmatisme.
S’il y a un domaine dans lequel les montres De Bethune n’obtiennent pas, me semble-t-il, autant de reconnaissance qu’elles le méritent, c’est celui de la décoration. Si, pour la plupart des connaisseurs de De Bethune, les performances mécaniques et le design général sont à juste titre des facteurs déterminants, certaines pièces arborent des arts décoratifs d’une qualité exceptionnelle.
Je parle de montres comme la DB28xs Aérolite de cette année, avec son cadran fascinant en météorite traitée à chaud. Comme nous le savons tous, les cadrans en météorite sont prisés pour leur apparence unique, avec structure interne composée de longs cristaux de ferrite entrecroisés, connus sous le nom de figures de Widmanstätten. La teneur en fer permet à la météorite de réagir à la chaleur de la même façon que l’acier bleuit à la flamme. Avec un décor guilloché, le cadran de la DB28xs Aérolite est l’une des plus belles choses que j’ai vues chez De Bethune, ce qui n’est pas peu dire.
Ce n’est pas la première fois que l’on voit De Bethune exercer sa créativité avec de la météorite. Sauf erreur, il s’agit aussi de la seule marque à avoir créé une montre entièrement logée dans un bloc de météorite sculpté, la Dream Watch 5 Meteorite de 2016. En tout cas, c’est la seule montre bracelet avec un boîtier tout en météorite aussi audacieux.
À propos de la DW5, la Dream Watch 5 Al-Amal récemment lancée à l’exposition Mavericks of Time aux Émirats Arabes Unis, c’est le dernier exemple d’une montre De Bethune créée pour célébrer une culture régionale. Les gravures en calligraphie arabe sur le boîtier représentent les différentes façons d’exprimer l’amour dans cette langue très riche.
Les éditions spéciales liées à une culture en particulier ont toujours occupé une place importante dans la production de De Bethune. Des pièces comme la DB25 Quetzacoatl de 2015, la DB25 Imperial Fountain de 2013 et la plus récente Maestri’Art rendent hommage au folklores traditionnels et aux artefacts culturels du monde entier.
Ces montres reflètent le vif intérêt de Denis Flageollet pour les arts et, à mon avis, elles donnent quelques-uns des meilleurs exemples de l’horlogerie de De Bethune : une mécanique exceptionnelle, un design impeccable et un très haut niveau de savoir-faire artisanal.
