D’un rapide coup d’œil, on voit une Zenith Chronomaster Revival, avec un cadran d’un jaune peu commun. Fin de l’histoire ? Plutôt son commencement. Car ce que cache le ramage de cette pièce n’est rien à côté de son plumage. Il y a la montre, et l’esprit de la montre.
Cet esprit, c’est celui qui anime Zenith et son bouillonnant CEO. On a aperçu l’homme, Julien Tornare, au Kai Enzo surplombant la spectaculaire skyline de Dubai. Et la pièce qu’il porte ce jour, la Chronomaster Revival Dubai Watch Club, traduit un pari que peu de marques osent faire.
69, pas une de plus
Il y a d’abord la volonté de créer un produit qui outrepasse le seuil de l’exclusivité. 69 pièces, c’est à peine une goutte d’eau dans la marina de Dubai, bien trop peu pour satisfaire les exigences des collectionneurs locaux. Une série limitée qui, en somme, va générer plus de frustration que de contentement. Un pari risqué pour une marque, mais assumé par Zenith : le Dubai Watch Club est un petit club (une centaine de membres) mais d’une belle pérennité. Il fêtera l’année prochaine ses 10 ans. Créer une pièce dédiée à ses membres honore leur engagement horloger. C’est une preuve de soutien, de reconnaissance.

Cap à l’est
Il y a ensuite le marquage de la pièce. Il est intégralement réalisé en chiffres arabes orientaux. Ce n’est pas la culture native de la marque ni, avouons-le, de l’industrie horlogère au sens large. Celle-ci s’accommode des chiffres arabes occidentaux depuis sa création. Il faut fouiller profondément dans ses archives pour la voir honorer d’autres cultures, d’autres alphabets – et encore, le plus souvent, il s’agit de pièces uniques pour quelques sommités curiales.
En prise directe
Il y a enfin le modèle de distribution de la pièce. Il va directement de la marque à ses clients finaux. Ce n’est pas le modèle d’affaires standard d’une grande manufacture comme Zenith. Celle-ci, comme la plupart des autres, privilégie ses propres boutiques comme ses détaillants. Passer « en direct » vers le client final peut les crisper, mais Zenith affirme ici sa volonté de garder son lien avec ses proches collectionneurs. Une belle audace qui permet d’entretenir une relation privilégiée entre marque et clients.

Premier chrono du DWC
La pièce qui honore cet engagement n’est pas anodine. C’est la première montre de sport commissionnée par le Dubai Watch Club. C’est même son premier chronographe. Zenith a donc la lourde charge, avec sa Chronomaster Revival, d’ouvrir une nouvelle page de l’aventure du Dubai Watch Club. Il fallait marquer le coup, offrir un design fort. C’est la raison d’être du cadran jaune, de la police en chiffres arabes orientaux. « Ce fut une belle expérience de mener à bien ce projet avec l’équipe de Zenith et de trouver le juste équilibre entre le respect de l’héritage de la marque et du modèle, tout en lui apportant notre propre touche », explique le fondateur du Dubai Watch Club.
Reposant sur l’A384, référence entrée dans l’histoire comme premier chronographe El Primero en acier de Zenith lors de sa présentation en 1969, le club a apprécié son boîtier de forme tonneau rétro ainsi que ses proportions tendues et nerveuses, très compactes, avec seulement 37 mm de diamètre. S’inspirant de la Chronomaster Revival Shadow lancée en 2020, l’édition Dubai Watch Club est en boîtier titane microbillé mat, choisi pour sa légèreté comme sa résistance.

Rare jaune
Côté cadran, le jaune est explosif. Il est rare en horlogerie : on en trouve chez Bovet (Récital 21), chez Breitling (Superocean), chez Doxa (SUB 600T), chez FP Journe (Centigraph S), chez Audemars Piguet (Royal Oak Offshore), mais c’est à peu près tout en belle horlogerie mécanique. Avec 69 exemplaires, la Chronomaster Revival Dubai Watch Club ne viendra pas vraiment grossir les rangs des montres à cadran jaune, mais n’en marquera pas moins les esprits.