Petit diamètre, grande tendance

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Cubitus © Patek Philippe
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Fait rare à Watches and Wonders : les exposants, dans leur quasi-unanimité, a consacré la réduction du diamètre des boîtes comme un passage obligé, presque une évidence. Pourquoi ? Pour qui ? De quelle manière ? WorldTempus mène l’enquête.

On finit par ne plus trop savoir d’où elle vient, mais elle est là. Durant Watches and Wonders, la tendance à la réduction des diamètres a traversé toutes les allées de Palexpo, où se tenait le salon. Est-ce dû à la résurgence du néo-vintage et à son plafond de verre des 40 mm ? À une réaction envers le bling-bling qui a secoué la décennie passée ? À l’influence des marchés asiatiques qui ont toujours préféré les petits diamètres ? Aux commandes des collectionneurs les plus avisés qui, en toutes circonstances, n’achètent que des pièces entre 38 mm et 40 mm ? Rien de tout cela en spécifique. Mais probablement un peu de chaque en général. 

On s’épargnera l’effet catalogue, consistant à lister une par une les pièces qui confirment la tendance. Fastidieuse, la démarche n’offre qu’une vue microscopique qui masque la tectonique d’ensemble. Car ce qui s’impose est, de la part des maisons les plus anciennes, un retour aux diamètres de leurs créations d’époque. L’approche est donc authentiquement légitime. Ces marques ne font que proposer en 2025 ce qu’elles avaient en vitrine en 1975. 

On pourra regretter le manque d’originalité. Le reproche est un peu facile : les modèles actuels ne sont jamais tout à fait les mêmes. Les bracelets sont revus, les cadrans aussi. Les mouvements sont, fort heureusement, mis à jour. Des détails ? Oui. Mais l’horlogerie n’est qu’affaire de détails. 

Ingenieur automatic 40 © IWC
IWC Ingenieur 40 mm © Delos Communications

Subtiles réinterprétations

Chez IWC, par exemple, l’Ingenieur se réinvente en modèle 100% or de 40 mm, avec un nouveau cadran noir aux motifs de points et traits. L’équilibre est parfait, la présence au poignet est précieuse, juste, soulignée par une finition exemplaire. L’inspiration des années 70 est subtilement mariée à une modernité discrète. Le constat est le même chez Eberhard & Co., qui lance sa collection Contodat. La pièce se limite à 39 mm. La boîte a été amincie. Un nouveau profil avec arêtes polies est apparu pour en souligner les lignes de fuite. Le bracelet d’origine, un peu trop lâche, est retravaillé. Les aiguilles ont été raccourcies et élargies et le cadran bleu, légèrement assombri. Le soin des détails est discret et pertinent. La Contodat renaît, plus belle que jamais. Enfin, dernier exemple : l’Heritage Tropic-Proof d’Alpina. La démarche est encore plus radicale, puisque la marque a reproduit quasi à l’identique sa pièce des années 60, diamètre compris : 34 mm ! Le choix n’est pas commun mais, étonnamment, passe bien une fois au poignet. 

Contodat Chronograph © Eberhard & Co.
Eberhard & Co, Contodat - 39 mm © Delos Communications

Nouveautés réduites

En parallèle, on constate que les créations originales de l’année 2025, elles aussi, se limitent spontanément aux petits diamètres. Maurice Lacroix a par exemple dévoilé en marge du salon sa nouvelle collection « access », la « 1975 ». Elle n’est présentée qu’en trois tailles : 36, 39 et 40 mm. 

À l’extrême opposé, la Cubitus de Patek Philippe, création carrée révélée fin 2024 avec 45 mm de « diamètre », est à présent proposée en 40 mm.  Et quand la manufacture Zenith lance, elle aussi, une toute nouvelle collection, la G.F.J pour Georges Favre-Jacot, c’est directement en 39 mm de diamètre, et rien d’autre. Signe, une fois encore, que même les pièces pensées en 2025 suivent les canons de la modération. Cette esthétique réduite, discrète, s’est d’ailleurs presque toujours accompagnée d’un minimalisme technique : hormis la Contodat équipée d’un chronographe, toutes les pièces susmentionnées se contentent de trois aiguilles, et éventuellement d’une date. Moins de millimètres, moins de complications ? 

G.F.J. © Zenith
Zenith G.F.J 39 mm © Delos Communications