Quelle est la définition d’un Directeur du Studio de Création Horlogerie ?
D’autant plus chez Chanel, ce poste est hyper-créatif. L’idée est de cultiver la vision de Gabrielle Chanel dans l’horlogerie, et ce, du concept à l’esquisse, jusqu’à la réalisation. Depuis 1987, date à laquelle la maison a commencé à faire des montres, nous parlons de création obéissant à deux maîtres mots : style et excellence.
Quelles sont les qualités requises pour ce type de poste ?
Elles se résument à quatre mots : « rêver et faire rêver ».
Jusqu’où peut-on aller en jouant avec l’ADN d’une maison tout en continuant à le respecter ?
Je comprends votre question mais on ne joue pas avec un ADN. Il n’y a rien de pire que de tourner en rond autour d’un dit ADN et de perdurer avec le passé d’une maison. C’est cette attitude qui représenterait un manque de respect. La liberté de création a toujours fait partie des principales valeurs de Gabrielle Chanel. Il ne faut pas ronronner avec le passé, ça ne fonctionne pas. La phrase de Goethe : « Faire un meilleur avenir avec les éléments élargis du passé », est un excellent résumé.
Quelle est selon vous la complication horlogère la plus créative ?
Le terme de complication m’a toujours un peu gêné. Je préfère parler d’évidence horlogère. Les indispensables de Gabrielle Chanel étaient simplicité, qualité et confort. C’est pourquoi je suis sensible à une complication qui sait être élégante tout en restant discrète et que l’on peut comprendre au premier regard. Cela dit, je suis fasciné, c’est vrai, par la cinétique d’un automate.
Est-ce le design qui s’adapte à la mécanique ou l’inverse ?
Chez Chanel, la technique est au service de la création. C’est un fait, mais j’ai l’immense chance d’être accompagné de techniciens remarquables qui ne craignent pas l’audace créative.
Pourquoi avoir choisi de présenter un ligne Edition Rose ?
(Rires). C’est fou, tout le monde m’en parle alors qu’il ne s’agissait que d’une petite vitrine. Le rose est une obsession parmi tant d’autres. C’est Chanel qui m’a réconcilié avec cette couleur qui a toujours ponctué les collections maison. Le rose m’a amusé et m’a permis cette année de me prêter à un drôle d’exercice.
Dessine-t-on un sautoir enrichi d’une montre comme un bijou ou comme un garde-temps ?
Comme un garde-temps bien entendu. Je me refuse de restreindre la définition de l’objet montre à un porté unique. N’oublions pas que les femmes portaient leurs montres en châtelaines, et les hommes en gousset. Bracelet, bague, sautoir, ceinture, gants, peu importe où se trouve la montre, à condition que ce soit avec style.
Quelle montre portez-vous en répondant à nos questions ?
Aucune, je n’en porte jamais, mais je les collectionne. Je n’aime pas l’idée de l’artiste qui expose ses œuvres dans son salon. Ce serait un peu la même chose si je portais une montre Chanel. En revanche, j’en offre à mon entourage, mes amis, mon épouse, ils n’en peuvent plus (rires). C’est aussi un bon moyen de conserver une certaine distance avec mon travail, une réelle neutralité, sans risquer de scléroser mon imaginaire.
A votre avis, quelle montre aurait porté Gabrielle Chanel parmi les nouveautés 2024 ?
La seule réponse que je puisse vous donner c’est qu’elle ne m’aurait pas demandé mon avis connaissant son très bon goût.
