Quelle était la volonté derrière la création de la Richard Mille Cup ?
Richard Mille était partenaire de la Fife Regatta qui réunit tous les 5 ans les vieux gréements dessinés par cet architecte de légende du siècle dernier. Nous avons souhaité aller plus loin en proposant aux voiliers d’époque de se fédérer et de se mesurer sur un parcours de course emprunté il y a un siècle. Il ne s’agit pas d’une parade mais d’une véritable régate sur deux semaines dans le Sud de l’Angleterre. Elle implique quatre yacht clubs historiques en Angleterre et en France et a regroupé, pour la deuxième année consécutive, une dizaine de vieux gréements, ou des répliques construites à l’identique. Nous faisons revivre les premiers bords du yachting et leurs illustres participants avec beaucoup d’authenticité et de gens passionnés. Le concept est similaire à notre course automobile Le Mans Classic. Trois des voiliers qui ont pris le départ n’avaient pas régaté ensemble depuis un siècle, et ils se sont affrontés sur la même course en passant par les mêmes yacht clubs séculaires ! La Manche n’a pas le même attrait que la Méditerranée, seuls les passionnés viennent jusqu’ici pour admirer la beauté sauvage des côtes anglaises et prouver qu’ils sont de vrais marins maîtrisant les courants et vents locaux pour remporter la compétition. D’ailleurs nous sommes accueillis par le Royal Yacht Squadron de Cowes, un des plus anciens clubs du monde, dans le berceau de la voile qu’est l’Île de Wight.
Comment voyez-vous l’évolution de la Richard Mille Cup ?
Les équipages, les propriétaires et les yacht clubs expriment beaucoup de reconnaissance et de satisfaction envers cette initiative unique dans son approche, car elle permet de pérenniser le patrimoine naval tout en formant des jeunes grâce au soutien de certains propriétaires. S’il existe beaucoup de régates dans le monde, celle-ci privilégie l’authenticité. Elle ne peut avoir lieu que si les propriétaires l’incluent dans leur programme de navigation et nous allons discuter avec eux de l’agenda et du lieu qui pourrait changer afin que l’ensemble reste fédéré et attire potentiellement d’autres passionnés. Ces bateaux nécessitent beaucoup d’entretien et un soin particulier pour leur configuration régate, nous devons en tenir compte.
A l’opposé des vieux gréements, Richard Mille soutient par ailleurs le projet franco-suisse SP80…
En effet, le but recherché n'est pas du tout le même puisqu’il s’agit là de battre le record de vitesse à la voile sur l’eau, à plus de 80 nœuds. Nous avions déjà en commun notre partenaire NTPT qui construit nos boîtiers en carbone, ainsi que ce bolide qui vole au-dessus des flots, tracté par une aile de kite. Leurs ingénieurs ont travaillé ensemble et nous leur avons permis d’accélérer leurs recherches en leur apportant nos moyens. Nous espérons les voir aboutir l’an prochain.
Vous étiez auparavant aux côtés des Voiles de St. Barth pendant plus de dix ans. Que vous a apporté ce partenariat ?
Les Voiles de St. Barth ont été créées en 2010 et notre détaillant local nous a mis en relation dès le départ pour lancer le projet ensemble. La première édition a réuni 25 bateaux et l’événement a grandi jusqu’à en attirer plus de 80, dont des unités fantastiques. Les Maxi Yachts venaient du monde entier, avec des équipages de 20-25 personnes, s’alignant sur l’eau pour régater à haut niveau. Cela donnait des images spectaculaires et permettait à nos invités de vivre une expérience incroyable. La participation des propriétaires comptait beaucoup pour nous, or nombreux sont ceux qui ont décidé de ne plus venir après le Covid. Après cette décennie d’association qui nous a bénéficié mutuellement nous avons mis le cap sur notre propre régate, la Richard Mille Cup dont la nature nous séduit énormément.
Par ailleurs vous venez d’annoncer aussi soutenir le projet The Famous Project, encore une histoire humaine ?
Absolument, tout en étant très différente. A la fois la personne et son projet nous ont convaincus de nous y associer. La navigatrice Alexia Barrier ambitionne de réaliser le premier tour du monde sans escale en équipage uniquement féminin. Elle se donne les moyens de rivaliser avec les hommes en ayant acquis l’ancien trimaran géant IDHEC qui possède de nombreux records, et en montant un équipage de régatières en mer chevronnées, avec un calendrier sur deux-trois ans visant le fameux Trophée Jules Vernes. L’alchimie a opéré avec Amanda Mille, directrice de la marque et des partenariats. Le concept correspond à nos valeurs et nous avons choisi de l’accompagner.
Richard Mille lui-même aime la voile, ainsi que son associé Peter Harrison qui s’occupe de l’Europe et du Moyen-Orient. Est-ce que cela joue un rôle ?
Forcément. Ils sont emballés. Richard adore l’authenticité et Peter est un régatier expérimenté qui se bat pour gagner sur des bateaux ultra-modernes. Il a pourtant adoré l’expérience de la Richard Mille Cup lorsqu’il est venu naviguer avec l’équipage en début de parcours. Même sans venir du monde de la voile, personne ne reste insensible à la beauté de ces bateaux en pleine mer, toutes voiles dehors, en compétition les uns à côté des autres. C'est un spectacle tout simplement magnifique.
Quelles montres découlent de ces partenariats nautiques ?
Au cours de notre partenariat avec les Voiles de St. Barth nous avons créé des séries limitées pour la plongée et la régate, inspirées de nos rencontres, mais nous ne cherchons pas forcément à développer des produits pour chaque partenariat. Cela fonctionne toujours ainsi chez Richard Mille, les créations découlent d’histoires humaines.
De manière plus générale, quelles sont vos priorités pour 2024 ?
Le défi consiste toujours à consolider la marque, à garder la même énergie, la même volonté de présenter des nouveautés et à innover, pour alimenter nos 40 boutiques dans le monde. Chaque année nous lançons ainsi au moins cinq nouveautés, la dernière étant la RM 27-05 Flying Tourbillon Rafael Nadal, le tourbillon volant le plus léger et le plus résistant du monde : moins de 15 grammes ! En parallèle, nous augmentons régulièrement et lentement la production afin de pouvoir contenter notre clientèle, et la société vit un changement de générations qui s’opère dans la continuité. Même s’ils restent très impliqués, Richard Mille a passé la main à ses enfants Alexandre et Amanda, et son associé et co-fondateur Dominique Guenat à ses enfants Cécile et Maxime. Ensemble, nous aspirons à conserver cette même dynamique afin de pérenniser la marque, ses valeurs sur l’innovation et des partenariats très forts, de l’authenticité et de la technologie pour toujours repousser les limites.
