Quelles sont les étapes à respecter avant de lancer une nouvelle collection ?
Bien sûr il faut que cela ait du sens, réponde à un besoin, corresponde à une maturité de marché. Hermès vendait des montres essentiellement à quartz depuis 45 ans et jusqu’à il y a 10 ans, ensuite nous avons intégré des métiers de production et eu notre premier mouvement mécanique il y a 12 ans, ce qui a induit des collections mécaniques plutôt pour hommes, avec la Slim d’Hermès en 2015. Nos premiers succès commerciaux sont venus avec des produits techniques tels que Le temps suspendu et L’heure de la lune ou Le temps voyageur. Il nous manquait un produit de volume servant de base à cette pyramide. Ce décollage est intervenu avec la montre sport Hermès H08 il y a trois ans, qui s’est ensuite déclinée en chronographe.

Nous commençons en effet par lancer une collection relativement large et sans complication, qui vient ensuite s’enrichir d’animations et de complications . Son succès s’est accompagné de questions et d’une demande pour un modèle mécanique sport de plus petite taille. Le fait que la clientèle féminine réagisse à la Hermès H08 nous a fait accélérer le tempo pour leur proposer une montre sport plus petite, avec mouvement de manufacture, étanche, mais qui serait une alternative de style, relativement unisexe. Résultat, nous possédons maintenant deux lignes de montre sport casual qui stimulent notre croissance de montres mécaniques, en complément de la Slim d’Hermès et l’Arceau.

En quoi la collection Hermès Cut reste propre à Hermès ?
Lorsque nous avons présenté la Hermès Cut, certains marchés se sont interrogés sur les codes. Nos lignes se distinguent par des codes forts tels que la Kelly ou la Cape Cod, mais nous aimons aussi créer de nouvelles identités car nous sommes une maison de création. Hermès H08 en est le parfait exemple/la parfaite illustration. Dans son cas comme dans celui de la Hermès Cut, nous avons cherché une silhouette différente de ce qui existait jusqu’à présent, et si possible reconnaissable. Avec son boîtier galet aux parties latérales tranchées en fuseaux polis, ses contrastes et sa couronne à 1h30, la Hermès Cut innove radicalement, et son cadran bénéficie aussi du travail de typographie en harmonie avec la boîte.

Que vous apprend ou vous apporte ce voyage de presse avec les journalistes du monde entier ?
Cela me conforte dans l’idée que cette catégorie du luxe est très communautaire. Cette communauté vit dans le partage, aussi bien avec la presse qu’avec les clients. La maison échange et en retire des idées, comme ce fut le cas avec notre répétition minute que nos clients nous ont convaincus de créer. Cela rend ce métier sympathique car il est humain, nous joignons ici l’utile à l’agréable.

La courbe du succès de la H08 est-elle fidèle à vos projections initiales ?
Il s’agit de notre premier succès en volume, donc nous ne nous étions pas projetés à ce point. La clientèle masculine étant très connaisseuse et traditionnellement portée sur des pièces iconiques, ce succès reste modeste en comparaison mais constitue bien une percée mondiale qui se confirme pour Hermès, et qui justifie nos investissements passés. A nous maintenant de creuser le sillon de nos 4 collections de montres mécaniques.

Quelle est la prochaine grande étape pour Hermès Horloger ?
Nous avons du potentiel mais n’en sommes qu’au début. Il faut transformer l’essai dans la durée de la montre mécanique. En parallèle du travail sur le produit, nous devons également œuvrer pour améliorer sa place dans les magasins, ainsi que la formation des vendeurs pour qu’ils soient partout à l’aise avec l’horlogerie.
