WORLDTEMPUS – 10 mars 2010
Louis Nardin
Rétrofuturisme. Tel est le credo choisi par Urwerk pour exprimer depuis quinze ans une vision fusionnant savoir-faire horloger et affichage révolutionnaire, le tout baigné d'influences aussi diverses que la série Star Trek, l'électro du groupe allemand Kraftwerk, d'anciens designs automobiles et, incontournable, la fine horlogerie traditionnelle. Dans quelques jours, la marque lèvera officiellement le voile sur l'UR-103 T "Mexican Fireleg" et l'UR-103 T "Shining T", les deux ultimes déclinaisons du modèle 103. Elles marqueront la fin d'une collection pionnière pour Urwerk puisqu'elle a incarné le passage d'une aventure menée par de jeunes adultes à l'établissement d'une marque horlogère établie et reconnue.

L'histoire d'Urwerk débute avec la 101. Première montre imaginée par le trio Martin Frei, designer, Felix Baumgartner, horloger, et son frère Thomas, également horloger et aujourd'hui retiré de la société, elle est présentée à Baselworld en 1997. Inclassable et originale, elle fait parler d'elle mais son prix de 10'000 francs n'a aucun lien avec la réalité du marché et ne suffit pas à couvrir pas les frais. Pourtant, la motivation des jeunes entrepreneurs reste intacte.

Pour lancer leur prochain modèle, la 103, justement, ils ont besoin de 200'000 francs. En même temps, cela fait maintenant cinq ans qu'ils luttent pour faire exister leur projet et la question se pose ouvertement de savoir si l'aventure doit continuer. Felix et Martin choisissent de foncer et injectent toutes leurs économies dans la construction de cette montre à affichage par satellites et bientôt iconique de la nouvelle génération horlogère. En 2003, la première version attire l'œil d'un distributeur américain qui passe la première commande. Le temps que le public découvre cette étrange machine, le décollage véritable interviendra deux ans plus tard. Mais la 103 incarnait déjà la métamorphose d'une jeune pousse à une marque à part entière.

En cessant le développement de nouvelles 103, Urwerk met donc volontairement un terme à une forte aventure. D'autres projets résonnent déjà dans la tête des créateurs et pour ne pas devoir augmenter les capacités de production – un site à Genève, un autre à Zürich pour 12 personnes au total -, il faut procéder à des choix. Rampe de lancement magistrale, la 103 entre donc dans l'histoire horlogère, ce qui n'aura qu'un effet positif sur l'aura qui l'entoure déjà aux yeux des connaisseurs.

UR-103 T «Mexican Fireleg»
Deux montres signent l'apothéose de la collection à commencer par une déclinaison colorée et venimeuse. Le monde des arachnides se retrouve fréquemment chez Urwerk, comme, par exemple, avec la Tarentula dévoilée en 2009. Ici, la nouvelle UR-103 T «Mexican Fireleg», porte le nom d'une araignée mexicaine et mortelle justement orange et noire. Avec un mécanisme d'affichage totalement découvert grâce à une large glace saphir, le modèle, édité à 66 unités, pétille de touches de couleur luminescente sur un ensemble d'éléments intégralement noirs.

UR-103 T "Shining T"
La seconde, l'UR-103 T "Shining T", joue des effets de lumière. Comme pour la Mexican Fireleg, son intérieur ne cache aucun secret sous la vaste glace. Mais le feu du venin laisse sa place à la pureté du saphir dans lequel les quatre cônes-satellites indiquant les heures ont été taillés. De la jungle on passe à un royaume minéral et froid avec cette seconde pièce qui joue l'antagonisme face à la première. «Nous aimons jouer avec les extrêmes», confiait récemment Felix Baumgartner. La preuve par l'acte, donc. En 33 exemplaires seulement.
