Lorsque Clark Kent prenait son envol, les gens s'interrogeaient: « Est-ce un oiseau ? Est-ce un avion ? » – « Non, c’est Superman. »
Au salon Watches and Wonders 2025, la question était souvent : « Est-ce de l’acier ? Est-ce de l’or blanc ? » – « Non, c’est du platine. »
Les raisons de choisir le platine sont nombreuses, allant de sa rareté – le platine est 15 à 20 fois moins fréquent que l’or – à certaines normes culturelles qui déconseillent l’or, ou encore à l’idée d’un investissement plus substantiel, car il est 20 % plus lourd que l’or. Élément numéro 78 du tableau périodique, le platine est l’un des huit métaux précieux, avec une teinte gris-blanc, plus douce et subtile que celle de l’or blanc. Mais il faut un œil exercé pour distinguer le platine de l’or blanc ou de l’acier inoxydable. D’autant plus que les maisons horlogères deviennent de plus en plus expertes dans l’art de polir le platine, en combinant différents types de finitions mates, brillantes, et aux textures variées.
Alors, que faire lorsque le poids de la montre suggère le platine, mais que le doute subsiste ? Prenez une loupe et cherchez le poinçon du matériau (950) – ou l’insigne « secret » propre à chaque marque. Par exemple, le poinçon en forme d’abeille sur le boîtier de la version en platine de la Chopard Alpine Eagle, ou les cadrans bleu glacier chez Rolex.

Même si le platine est plus tendre et se raye plus facilement que l’or, il est apprécié pour sa densité et sa résistance à l'oxydation. Avec la nouvelle collection FB 3, lancée à l’occasion des 10 ans de la marque, Ferdinand Berthoud s’inscrit dans cette tendance platine. « Il s'agit d'un matériau noble connu pour son inaltérabilité, mais également très délicat à polir parfaitement. Pour un boîtier aussi complexe que celui de la FB 3, cela met en valeur le savoir-faire de nos artisans », a déclaré Vincent Lapaire, directeur général.
Cependant, la relation entre les artisans et ce métal gris-blanc est souvent faite d’amour et de haine, en raison de ses propriétés complexes. Par exemple, on ne peut pas exercer la même pression que sur l’or pour obtenir une finition brillante. Pourquoi ? Parce qu’une pression trop forte donne au platine un aspect laiteux. Dans une interview avec la Fondation de la Haute Horlogerie, Patek Philippe – qui a dévoilé en avril 2025 la Calatrava (réf. 6196) avec un boîtier et un rotor en platine – a confirmé le côté « récalcitrant » du métal :
« Les outils s’usent plus vite avec le platine à cause de son abrasivité et de son adhérence. Nous utilisons trois fois plus d’outils pour fabriquer, assembler et finir un boîtier en platine qu’en or. » Pour compliquer les choses, le platine ne se présente pas sous forme de pépites et ne peut pas être parfaitement fondu, même si son « point de fusion » se situe entre 1800 et 1900 °C, soit environ le double de celui de l’or. Ainsi, sa brillance vient du polissage qui élimine les imperfections de surface.

Bien qu’il n’existe pas de statistiques spécifiques concernant l'utilisation du platine, cette nouvelle tendance s’inscrit dans la hausse des exportations horlogères suisses dans la catégorie des métaux précieux, passées de 9,36 à 9,67 milliards de francs suisses entre 2023 et 2024. Sur l’ensemble du millénaire, la croissance de cette catégorie est encore plus impressionnante, grimpant de 2,62 à 9,67 milliards. Une valeur qui pourrait encore augmenter grâce aux superbes modèles en platine de 2025, parmi lesquels : Vacheron Constantin Small Seconds Patrimony, Chanel Monsieur de Chanel Tourbillon, Louis Vuitton Escale Platinum, Audemars Piguet Royal Oak Jumbo Extra-Thin, Cartier Tank à Guichets, et Parmigiani Toric Quantième Perpétuel Platinum Morning Blue.
