L’histoire nous a appris que les modèles présentés dans le cadre de la vente Only Watch peuvent être de deux sortes. La première : démonstrative. Il s’agit de montres créées pour manifester une certaine maîtrise technique ou artistique, révéler un talent, un génie horloger, une complication inédite. La seconde : figurative. Les maisons qui s’en emparent préfèrent l’image, le symbole, voire une certaine forme de poésie. Ressence fait partie de cette seconde catégorie.
Aucun des deux exercices, démonstratif ni figuratif, n’est meilleur que l’autre. Ce sont deux sensibilités différentes. Et de manière plutôt contre-intuitive, l’approche symbolique est souvent la plus difficile. Car comme aimait à le répéter Alexandre Péraldi, ancien designer chez Baume & Mercier : « il est beaucoup plus difficile de dessiner une montre belle, originale et parfaitement finie à 2000 CHF, qu’une grande complication pour laquelle on n’a ni limite de budget ni de temps ».

Dont acte : la jeune maison Ressence, créée en 2010 et 100% indépendante, n’a pas les poches bien profondes, et pas plus de temps que ne lui en laissait le calendrier Only Watch. Sont-ce des contraintes devenues fécondes pour Benoît Mintiens, fondateur de la marque belge ? Probablement : l’homme, designer industriel, a dû, en quelques coups de crayon, trouver une symbolique astucieuse, originale et créative pour entrer dans la vente, qui se tiendra le 10 mai prochain à Genève. Et le résultat est à la hauteur de son talent : ingénieux, singulier, déroutant et tellement simple...que personne n’y avait jamais pensé.
ADN tournant
L’idée s’articule autour du dessin formé par l’ADN, cette « échelle » à multiples barreaux, enroulée sur elle-même, et dont tout le monde, aujourd’hui, est familier. La Type 12 qui s’en empare en figure un fragment sur son cadran. Ou plus sur « ses cadrans », car le concept central d’une Ressence est d’allouer à chaque indication (heures, minutes, seconde, réserve de marche) son propre cadran dédié, en rotation constante. Et c’est ici que l’idée de l’ADN prend tout son sens : ce vaste « X » qui s’étire allègrement sur les quatre cadrans va en subir le mouvement, se fragmenter, se désarticuler, pour finalement ne plus ressembler à grand-chose...sauf une fois par semaine : chaque dimanche à minuit, toutes les parties du dessin seront parfaitement alignées.

Plaisir fugace
L’idée d’un alignement subreptice n’est pas nouvelle. Carl Süchy & Söhne, marque horlogère autrichienne, en fit la marque de fabrique de sa collection inaugurale, la Waltz. Chez elle, toutefois, l’alignement du guilloché de la petite seconde avec le reste du cadran se faisait, par définition, une fois par minute.

Il faudra se montrer plus patient avec la Type 12 : une fois par semaine. Mais c’est à ce prix que s’affirme le lien avec la recherche médicale contre la maladie de Duchenne, combat d’Only Watch. Le message est qu’il faut agir sur le temps long, savoir se montrer patient mais qu’au bout du compte, la récompense sera là.