1. La plus déroutante : Le Temps Retrouvé, de Trilobe
De prime abord, on sourit : « Le Temps Retrouvé » répond au « Temps Perdu » dont Proust était toujours, aux dernières nouvelles, à la recherche. La ficelle est assez épaisse. Mais elle n’annonce rien du choc quasi existentiel qui saisit le visiteur à la découverte de l’automate qui l’incarne. « Le Temps Retrouvé » prend la forme d’un buste humain. Le prototype est d’inspiration grecque. Scindé en deux, il ouvre son crâne, où se déploie une imposante mécanique horlogère. Elle affiche les heures par des pétales, les minutes par ses globes oculaires, dont la révolution figure celle de l’aiguille des minutes. L’automate peut également respirer et, par cette occasion, diffuser le parfum de son choix. L’œuvre est conçue par Trilobe et réalisée par Boris Masur à Sainte-Croix, haut lieu des automates. Pour 400'000 euros HT, chaque collectionneur pourra commander le moule du visage de son choix, y compris le sien. Le choc métaphysique de cet automate qui respire et vous regarde dans les yeux est abyssal, vertigineux – Trilobe « incarne » littéralement le temps avec une singularité inégalée.
2. La plus authentique : 1816, de Louis Moinet
Louis Moinet a inventé le chronographe, et c’est à Jean-Marie Schaller que l’on doit cette découverte. Mais que faire de cet héritage ? Tout à la fois essentiel et monumental, il n’est pas aisé pour les Ateliers qui portent aujourd’hui son nom de le perpétuer sans le trahir. Le CEO et Directeur Créatif de l’atelier de Saint-Blaise (NE) aura donc attendu près de 10 ans après cette révélation pour produire la sobrement nommée « 1816 », d’après la date de création de ce premier chronographe. Le parti pris est celui de la fidélité. À 210 ans d’écart, le « Compteur de Tierces » de 1816 et son hommage de 2025 dialoguent. La transposition de l’esthétique originelle à travers les siècles fonctionne étonnamment bien. La boîte titane de 40,6 mm se dote du premier bracelet métal intégré jamais conçu par Louis Moinet. Le mouvement est 100% original, fort de 330 composants. Une pièce rare et significative, incontournable pour les amoureux du chronographe.
3. La plus extrême : Solaria, de Vacheron Constantin
Ce n’est pas dans ces colonnes que l’on se satisfait de chiffres, mais tout de même : 41 complications, 13 demandes de brevets, 8 ans de développement, 1521 composants. Solaria, de Vacheron Constantin, repousse les records. Alors que ces valeurs sont souvent associées à une montre de poche, il s’agit ici d’une montre-bracelet de seulement 45 mm. L’effort de miniaturisation est sans précédent. La pièce affiche également une cohérence certaine, en se concentrant sur les complications astronomiques. Elle dispose de trois trains de rouages : pour le temps civil (sur 24h), sidéral (23h, 56mn, 4s) et solaire (-16 / + 14 mn par rapport au temps civil, suivant les saisons). Solaria, comme son nom l’indique, est particulièrement associée au soleil, dont elle peut prédire la position, la hauteur, la culmination ou encore la déclinaison.
4. La plus exclusive : Répétition Minute Perpétuelle, d’A. Lange & Söhne
Il n’y en avait qu’une sur le stand de la marque. Il n’y en aura que 50 en tout. La manufacture devrait avoir fini de les produire vers 2030. Et son prix devrait avoisiner les 750'000 euros. La répétition minute à quantième perpétuel d’A. Lange & Söhne, en boîte platine, prouve qu’il reste une place à la haute horlogerie traditionnelle ultra-exclusive, qui dépasse les modes et les conjonctures, par une élite et pour une élite. Et pour une fois, il faut s’en réjouir : c’est grâce à ce type de pièce que l’excellence horlogère se maintient à ce niveau.
