La tendance actuelle de l’horlogerie tend à gommer les frontières entre les montres masculines et féminines. C’est une lame de fond, portée notamment par le retour des pièces néo-vintage. Elles sont pour l’essentiel comprises entre 36 mm et 40 mm et favorisent donc naturellement des collections « non genrées ». Commercialement, il est aussi toujours plus avantageux de produire une pièce pour deux publics simultanés. Enfin, sociologiquement, l’approche s’inscrit dans le courant « gender fluid » qui traverse certaines générations de jeunes acquéreurs, très courtisées des marques (estampillées X, Y, Z, à libre convenance...).
De tout cela, Blancpain fait ici fi. Sa nouvelle Ladybird Colors est une jeune fille de 25 ans qui déborde de sensualité. Ses codes sont manifestes : le rouge de l’amour, la nacre éthérée et voluptueuse, une lunette scintillante de diamants, moins de 35 mm de diamètre, une phase de Lune ornée de grands cils et d’une mouche galante sur la joue. La grammaire de la pièce féminine s’écrit en majuscules. Mais il faut savoir aussi lire entre les lignes. Car cette nouvelle Ladybird Colors déploie aussi des trésors cachés d’inventivité.
Parmi eux, l’aiguille des secondes. Déjà, on apprécie qu’elle soit mue par un mouvement automatique. Elle ne s‘arrête donc jamais de battre, contrairement à un calibre à quartz qui aurait eu la mauvaise idée de marquer une courte pause entre chaque seconde. La Ladybird Colors exprime un amour qui bat en continu !

Cette seconde n’est pas une aiguille comme les autres. C’est une flèche, celle de Cupidon. À mi-course, elle traverse un cœur, comme le veut la mythologie du fils de Vénus et Mars. La trotteuse est donc terminée par un double éventail de plumes côté contrepoids, et par un cœur côté corps (on appelle corps de l’aiguille sa partie la plus longue). Techniquement, l’équilibre des masses n’est pas évident, et l’on salue la maîtrise de Blancpain et de son fournisseur interne Universo pour cette jolie invention dont la construction restera quelque peu mystérieuse...
Parmi les autres détails invisibles, mais perceptibles : les chiffres romains. Ils ne sont pas droits ni appliqués. Ils sont légèrement courbés pour mieux se fondre dans la géométrie circulaire qui préside à la Ladybird Colors. Et ils sont individuellement peints à la main, au terme de cinq couches successives d’un rouge éclatant.

Enfin, dans le même registre d’une belle subtilité, notons les deux tours sertis du cadran, l’un sous les heures, l’autre au-dessus de la Lune. Ils ne sont pas tout à fait circulaires, mais d’une épaisseur décroissante, comme deux croissants...de Lune. Ainsi se poursuit par le sertissage l’allégorie de la Lune, exquise et discrète, simplement en jouant avec les proportions des diamants. En définitive, la nouvelle Ladybird Colors de Blancpain n’a qu’un seul défaut : il n’y en aura que 14 exemplaires...