Depuis Genève et son implantation historique au cœur de la Cité, Vacheron Constantin a senti très tôt le besoin d’explorer les contrées asiatiques et de nouer des contacts commerciaux, notamment en Chine, dès le milieu du 19e siècle. En témoignent les quatre montres Les Cabinotiers – Sites Mémorables, dont les cadrans gravés main s’inspirent d’illustrations d’époque figurant des sites architecturaux reconnus en Extrême-Orient et à Genève. Elles sont équipées du calibre manufacture 1120, mouvement automatique parmi les plus fins jamais produits.
Vacheron Constantin – Asie et Genève
La première moitié du 19e siècle est synonyme d'expansion tous azimuts pour Vacheron Constantin. Pendant que la Maison trouve un représentant au Brésil et s’implante à Cuba et en Inde, tout en livrant ses montres aux confins de la Méditerranée, elle prospecte en parallèle le marché chinois. Le traité de Nankin conclu en 1842 mettant fin à la première guerre de l’opium ouvre en effet aux européens de nouvelles perspectives commerciales. Cette époque correspond à celles des montres dites « chinoises », conçues pour résister à l’humidité et caractérisées par la richesse de leurs décors gravés et émaillés, qui se vendent par paires. Vacheron Constantin devient la Manufacture ayant contribué, parmi d’autres, à établir la montre joaillière sur le marché chinois , selon les propos de l’historien spécialisé en horlogerie, Alfred Chapuis. Dès le tournant du siècle, les partenariats se multiplient et permettent à la Maison de renforcer sa présence en Asie.
Destination de voyage recherchée notamment en raison de l’architecture traditionnelle de ses temples et palais, la région a également intéressé de nombreux illustrateurs de l’époque. Ce sont précisément des représentations d’Angkor Thom au Cambodge, du temple de Confucius à Pékin et de l’ancien Palais d’Eté impérial chinois, vus par autant d’artistes du 19e siècle, qui ont servi de modèles aux pièces à exemplaire unique Les Cabinotiers – Sites mémorables. Ces pièces rendent hommage aux relations séculaires nouées par Vacheron Constantin avec l’Asie au départ de Genève. En ce sens, la tour de l’Ile, siège historique de Vacheron Constantin à Genève, a également été retenue pour figurer sur le cadran d’une montre Les Cabinotiers – Sites Mémorables inspirée d’une gravure d’époque. Erigé au 13e siècle pour se protéger de belligérants en provenance de France, le château de l’Ile a connu plusieurs incendies. Démoli en 1677, il n’en est resté que la tour. Restaurée deux siècles plus tard, elle est devenue l’un des monuments clés du patrimoine de la ville.

Gravure en trois ors
Les cadrans des montres Les Cabinotiers – Sites Mémorable reproduisent quatre sites historiques grâce à une nouvelle technique qui conjugue gravure et pour deux d’entre-elles une touche de damasquinage.
Chaque cadran est ainsi constitué de plusieurs plaques découpées dans de l’or jaune, de l’or blanc et de l’or rose qui se juxtaposent pour former les différents éléments de couleur du tableau, voire se superposent afin de donner de la profondeur à ce précieux assemblage.
Avant d’être assemblées, ces plaques sont d’abord gravées en jouant sur les techniques de micro-sculpture et d’incisions en taille-douce. Le défi pour le maître artisan consiste à travailler sur des plaques qui ne font pas plus de 0,4 à 0,8mm d’épaisseur et donc de ne pas excéder 1 à 2/10e de millimètre de profondeur dans leur travail de gravure. Pas moins de 200 heures sont nécessaires pour réaliser un seul cadran.
Grâce à la précision du geste du graveur, les reliefs prennent forme, la profondeur de champs s’accentue et la nature prend vie. Pour la rendre encore plus réaliste sur les deux pièces représentant le site d’Angkor et le Palais d’Été impérial de Pékin, il a également procédé au damasquinage du feuillage des arbres. Cette technique de décoration consiste à enchâsser un fil de métal dans une surface gravée, soit des fils d’or rose ou jaune incrustés dans de l’or blanc. Etant donné les dimensions du cadran, ce travail requiert une minutie extrême d’autant que les ors enchâssés sont à peine moins durs que l’or blanc. Chaque composition est intégrée dans un boîtier de 40mm de diamètre en or rose 750/1000 5N entourée d’un anneau circulaire fin et gravé qui met en valeur l’extraordinaire travail d’artisanat d’art de ces pièces.
Un mouvement ultra-plat mythique, Calibre 1120
Pour animer ces montres affichant discrètement les heures et les minutes par aiguilles feuille en or, la Maison a choisi son mouvement ultra-plat 1120 à remontage automatique.
Dans la foulée du mythique Calibre 1003 à remontage manuel d’une épaisseur de 1,64mm présenté en 1955 à l’occasion du bicentenaire de Vacheron Constantin, la Maison a entamé en 1966 le développement du Calibre 1120, cette fois conçu avec un mécanisme à remontage automatique.
L’objectif était identique, à savoir présenter un mouvement ultra-plat d’une grande tenue et d’une grande beauté. Objectif atteint en 1968 avec la commercialisation d’un mouvement d’une hauteur d’à peine 2,45mm pour 28mm de diamètre.
En 2010, à l’occasion d’une édition limitée Historiques Ultra-fine 1968, Vacheron Constantin donne une nouvelle vie à son Calibre 1120. Redessiné avec une masse oscillante en or 18 carats qui épouse les contours de la croix de Malte, il garde les mêmes dimensions mais pour une réserve de marche poussée à 40 heures. Estampillé du prestigieux Poinçon de Genève, il passe au niveau supérieur en termes de décoration et de finitions avec côtes de Genève, perlage, anglage et étirage des flancs à la main. Depuis, ce Calibre 1120 a continué d’habiter les collections de Vacheron Constantin mais essentiellement dans de nouvelles déclinaisons où il sert de mouvement de base pour l’intégration de modules à complication, quantième perpétuel en tête.
Pour cette série de montres dédiées aux réalisations architecturales du passé, soit autant de pièces à exemplaire uniques estampillées du Poinçon de Genève – certification d’origine comme de bienfacture –, ce même calibre 1120 apparaît dans sa version à indications horaires d’origine. Avec ses 144 composants et son régulateur cadencé à 19'800 alternances/heure (2,75 Hz), il vient se loger dans un boîtier d’à peine 9,1mm d’épaisseur, porté sur un bracelet en cuir d’alligator avec boucle ardillon.
Site Mémorable – La Tour de l’Ile
En 1843, Vacheron Constantin quitte les quartiers de la Fabrique à Genève pour s’établir dans la Tour de l’Ile occupée jusque-là par le corps de police. Pendant longtemps, la Tour de l’Ile a été le seul point de contrôle sur l’axe de nord-sud des voies de communication européennes en raison du pont sur le Rhône qui jouxtait l’édifice. La Tour de l’Ile a été occupée par Vacheron Constantin et les ateliers de sa manufacture pendant une trentaine d’années avant que la Maison déménage en 1875 à proximité, au Quai des Moulins. On retrouve les mêmes techniques artisanales sur le cadran de cette unique pièce inspiré d’un dessin du lithographe français Auguste Deroy (1823- 1906) datant de 1881. Cette composition, d’un réalisme saisissant, se présente sur un cadran formé de 7 éléments en or rose, jaune et blanc micro-sculptés et gravés en taille-douce avant d’être assemblés.

Site Mémorable - La porte sud d’Angkor Thom
Angkor est l’un des sites archéologiques les plus importants du Sud-Est asiatique. Composé d’un ensemble de 200 temples et aménagements hydrauliques dispersés sur quelque 400 km2 au Cambodge, il recèle les vestiges des différentes capitales de l’Empire khmer établies entre le 9e et le 15e siècles. Parmi elles, Angkor Thom, construite au 12e siècle, a été la dernière et la plus durable. C’est la représentation de la porte sud d’Angkor Thom réalisée par Louis Delaporte (1842-1925), qui a servi de modèle à cette pièce unique. Son cadran est constitué de 9 plaques en or rose, jaune et blanc gravées et damasquinées qui sont assemblées, voire juxtaposées pour créer un effet de profondeur. Un travail d’une minutie extrême qui a demandé quelque 200 heures de travail.

Site Mémorable – L’ancien Palais d’Été
L’ancien Palais d’Été de Pékin, connu à l’origine comme « le jardin de la clarté parfaite », est un ancien palais impérial édifié à 15 kilomètres de la Cité interdite qui recelait des trésors architecturaux et de magnifiques collections d’art et d’antiquités. Constitué de trois jardins couvrant une superficie de 3,5 km2 et construit sur une période couvrant le 18e et le 19e siècles en tant que résidence principale de la dynastie Qing, ce Palais a été détruit par les troupes française et britannique lors de la seconde guerre de l’opium. Sa représentation sur une gravure de 1873 a servi de modèle pour la réalisation du cadran de cette pièce unique. Constitué de 8 plaques en or rose, jaune et blanc, gravées et damasquinée puis assemblées pour former le tableau saisissant de l’ancien Palais d’Eté, ce cadran représente plus de 200 heures de travail.

Site Mémorable – La porte du Temple de Confucius et du Collège impérial
Construit en 1302 sous le règne de Témur Khan de la dynastie Yuan, par deux fois agrandi pour occuper 20'000 m2 , le Temple de Confucius de Pékin est le deuxième plus important de Chine. Jusqu’à la Révolution Xinhai de 1911, c’est en ces lieux que les officiels des dynasties Yuan, Ming et Qing tenaient leurs cérémonies en hommage à Confucius. L’édifice est situé à proximité du Collège impérial, un ensemble de bâtiments datant du 14e siècle qui a longtemps servi de centre administratif avant d’être transformé en musée. Le portique menant à ce complexe architectural tel qu’il apparait sur un dessin d’Emile Thérond (1821-1883), publié en 1864 dans un récit de voyage, a servi d’exemple pour la réalisation du cadran de cette pièce unique. Celui-ci est constitué de 6 plaques en or rose, jaune et blanc, gravées et micro-sculptées, puis assemblées minutieusement pour créer cette composition unique où la profondeur naît du travail des aplats.

La Série Les Cabinotiers Récits de Voyages
Approfondir son art horloger à Genève tout en s’ouvrant au monde, telle est la vocation de Vacheron Constantin. Jacques-Barthélémi Vacheron (1787–1864), petit-fils du fondateur, a été le premier à sillonner les routes de France et d’Italie, relayé par son associé François Constantin (1788-1854), inlassable voyageur qui a veillé au développement commercial de la Maison. Avec lui s’ouvrent l’Europe centrale, l’Amérique du Sud, la Scandinavie et l’Asie, en même temps que Vacheron Constantin prend pied aux Etats-Unis et Chine mais aussi au Brésil, à Hong Kong, à Cuba.
De la correspondance de François Constantin couvrant un quart de siècle naît le portrait d’une Manufacture ouverte sur une Europe en pleine restructuration au lendemain des guerres napoléoniennes et du Congrès de Vienne. Un espace qui ne cesse d’ailleurs de s’élargir à mesure que le nom de Vacheron Constantin traverse les frontières et conquiert de nouveaux marchés. Depuis cette époque, la notion même du voyage est un concept inhérent aux valeurs de la Maison, partie intégrante de cette aventure humaine que sont les près de 270 ans d’histoire de Vacheron Constantin. Avec les métiers d’art et l’art mécanique comme moyens d’expression, la Maison propose avec ces montres Récits de Voyages une odyssée horlogère à travers le monde et ses merveilles, sur les traces de ses fondateurs.
Résumé
Pour illustrer ses Récits de Voyages en terres européenne et asiatique, Vacheron Constantin présente quatre modèles, chacun à exemplaire unique, Les Cabinotiers – Sites mémorables estampillés du Poinçon de Genève dédiés à l’esprit d’ouverture au monde de la Maison. Pour réaliser les cadrans de ces pièces figurant le site d’Angkor, l’ancien Palais d’Été impérial chinois, le temple de Confucius à Pékin et la Tour de l’Ile, siège genevois de la Maison au 19e siècle, les maîtres graveurs de la Manufacture se sont inspirés d’illustrations datant du 19e siècle, à une époque où Vacheron Constantin nouait précisément ses premiers contacts avec la Chine. D’un réalisme saisissant, les cadrans ont été créés au moyen d’une technique inédite chez Vacheron Constantin consistant à micro-sculpter et graver entre 6 et 9 plaques découpées en or jaune, or rose et or blanc d’une finesse extrême de moins d’un millimètre. Ces composants du cadran sont ensuite assemblés, juxtaposés en jouant sur les teintes d’or pour former la composition du tableau, voire superposées afin d’accentuer les reliefs et l’effet de profondeur. Pour rendre la composition encore plus réaliste, la technique du damasquinage a également été mise à profit pour constituer la canopée des arbres mis en scène. Ces montres de 40mm de diamètre en or rose intègrent le Calibre 1120 à remontage automatique, mouvement mythique de Vacheron Constantin, non seulement pour sa finesse extrême de 2,45mm mais également pour sa construction.

Entretien avec Christian Selmoni, Directeur du Style et du Patrimoine
Avec la nouvelle collection Récits de Voyages, vous présentez des nouvelles techniques artisanales, notamment avec les pièces Sites mémorables. Comment fait-on pour innover dans un domaine où les techniques sont pourtant très connues ?
La Maison veille depuis toujours à ce que ces techniques des métiers d’art ne disparaissent pas et continuent d’alimenter son univers créatif. Si, aujourd’hui, on peut affirmer qu’elles sont devenues très recherchées et font désormais partie de la haute horlogerie au même titre que les grandes complications mécaniques, tel n’a certainement pas toujours été le cas. Il n’y pas si longtemps, certains métiers d’art étaient voués à disparaître. Les centres de formation en matière d’arts décoratifs ne s’y intéressaient plus et les artisans à même de perpétuer ces métiers avaient eux-mêmes de la peine à vivre de leur travail. Or pour Vacheron Constantin, la transmission des savoirs est essentielle et constitue le fondement même de son activité. Pour cette raison, la Maison, qui a de tout temps reconnu l’artisanat d’art à sa juste valeur, s’est engagée dans la préservation de ces techniques, pour certaines menacées. Nos collections en sont le reflet. Pour peu que l’on jette un œil curieux sur ce monde et l’on se retrouve happé et émerveillé par la diversité, la créativité et l’incroyable dynamisme dont font preuve ces artisans. Tous ceux qui ont eu la chance de se rendre aux événements Homo Faber à Venise, se sont très vite rendus compte de la richesse de cet univers. Chez Vacheron Constantin, nous encourageons la formation à l’interne de nos propres artisans d’art mais nous sommes également toujours à la recherche de collaborations avec les plus talentueux de ces experts qui offrent un formidable potentiel d’innovation. Pour résumer, tout n’a pas été dit en matière de métiers d’art.
Le Calibre 1120 passe pour une petite merveille. N’est-ce pas exagéré pour un mouvement développé il y plus d’un demi-siècle ?
Nous avons la chance de pouvoir compter sur des développements horlogers qui ont ponctué plus de deux siècles d’histoire, qui plus est des développements parfaitement documentés grâce à notre fond d’archives. Quand je dis chance, le mot n’est d’ailleurs pas approprié. Il faudrait plutôt parler du bonheur à découvrir les solutions techniques et mécaniques élaborées à un moment où les ordinateurs ne venaient pas calculer les frictions entre les composants d’un échappement ou le coefficient de pénétration dans l’air d’un balancier-spiral. A l’époque, l’expérience parlait le langage de la règle à calcul, sans recours à des expédients comme le silicium. Une toute autre approche du métier, en quelque sorte. La communauté des collectionneurs est d’avis que le mouvement 1120 présente d’excellentes solutions techniques, assorties d’une architecture harmonieuse et proportionnée. Quand Vacheron Constantin a dévoilé ce mouvement, il s’agissait du calibre automatique le plus fin de sa génération, précis et fiable, en soi déjà un exploit. Quand nous l’avons revisité en 2010, nous n’y avons apporté que des améliorations mineures, notamment pour augmenter la réserve de marche avec une nouvelle masse. C’est bien la preuve que ce mouvement était – presque – parfait dès sa conception.
La Chine est-elle donc un marché de première importance pour Vacheron Constantin ?
Il s’agit d’un marché ouvert par Vacheron Constantin dès le milieu du siècle dernier. On parle donc d’une présence historique qui n’a cessé de se renforcer au fil des décennies. Vacheron Constantin est aujourd’hui présent dans le pays au travers d’une trentaine de points de ventes et de la Maison 1755, un édifice historique dans le quartier de Zhangyuan à Shanghai qui propose sur quatre étages une immersion unique dans l’univers de la Maison. Nous avons donc cultivé très tôt nos liens avec la Chine et intensifié nos efforts. La clientèle asiatique apprécie les montres Vacheron Constantin et sont des connaisseurs très admiratifs des métiers d’art. Ils aiment le style sobre et élégant de la Maison, avec ce petit twist qui nous caractérise.